vertige sur terre (hiyori)

maman, papa, papa maman; papa et plus rien. Il n’y a plus que le vide et la fenêtre de son esprit qui fixait le ciel de béton, l’océan de ses désirs rempli d’une mer de plomb.

Sato [佐藤] Hiyori [ひより ; temps idéal] dénomination qui fut réduit à un maigre amas de débris du peu d’affection qu’on avait su lui donner — et surtout de rancœur; de celle d’un enfant face à des parents qui n’ont jamais su l’éduquer ou lui apprendre à porter avec fierté le doux prénom qu’on lui avait octroyé. Et indubitablement résonnait son écho au loin; hiyori, hiyori...

« il entendait alors un doux murmure se glisser entre les orages de ses peines et le doux contact d’une paume chaude sécher les pluies diluviennes. »

c’est presque qu’à force ça le surprendrait de réaliser qu’il vieillit en dépit d’une maturité qui n’arrive pas à évoluer. D’un esprit à la fois d’enfant et d’adolescent frustré, enfermé dans le corps d’un adulte portant déjà le poids de [vingt-trois années] et ce, depuis un 27 avril ensoleillé.

ba dum da dum. le palpitant s’accélère lorsqu’il entend leurs timbres de voix et ces traits particuliers; dans leurs visages qui se plissent le long des paupières d’albâtres, et dans ces accents qui n’arrivaient pas à se fonder dans la normalité coréenne; de ces airs [japonais] qui lui rappelaient trop facilement [hokkaido] et ce foyer qu’il avait vulgairement abandonné.

y a des âmes qu’on effleure, des cœurs qu’un embrasse au creu d’une nuit et dont on oublie le battement le lendemain. y a des larmes qui coulent et qui ruissellent le long d’une expression faussement dépité, y a ces déceptions-là qui le dépasse. y a les risques qui le déchire, ceux d’être un peu trop [volage] un peu trop instable, toujours dans le besoin de se rassurer afin d’éviter la gravité.

S’assurer qu’au final rien n’a jamais eu d’emprise sur ses ailes, rien qui ne l’aurait une nouvelle fois enfermé; même pas lui. surtout pas. surtout pas. lui.

[dessiner] ; c’est à l’instant même où il réalisa que l’école n’avait jamais été faite pour lui qu’il découvrit sa passion. Dans ses cahiers remplis de textes et de notes qui se révélaient illustrés de dessins sur les rebords sur les dernières pages; de dessins d’animaux, de protagonistes de dessins animés, de portraits de filles qui lui plaisaient mais qu’il n’osait pas aborder… de garçons aussi.

C’est à la fin du lycée qu’il fût confronté à la réalité; trop peu fortuné pour se payer une université qui lui assurerait un avenir, il abandonna cette fierté qu’il avait érigé (ses notes, son parcours scolaire parfait) pour se lancer dans une roulette russe au risque de se fracasser contre la dure vérité. De s’improviser [auteur de webtoon] et de vivre de ça. oh pourquoi pas.

[inconsistent] et peut-être qu’il ne s’y fera jamais, à cette situation qui ne se situe même pas entre la précarité et la normalité. tantôt à rembourser ses dettes, tantôt à creuser son déficit.

constamment nerveux à l’idée de laisser daehyun seul ; décline les prénoms de ses proches par quelques sonorités affectives et parfois même en p’tit con ; ne marche qu’entre les lignes des passages piétons de peur de mourir de manière tragique si l’on en croit la superstition ; froisse et gribouille sur du papier des oreilles de lapins, des moustaches de chats pour décompresser ; fait claquer sa langue contre son palais lorsqu’il est contrarié ; répond à outrance ” je sais “ alors qu’il n’en sait foutrement rien ; agit trop souvent avant de réfléchir.

artiste aux pensées explosives et à réflexions intempestive, il est pourtant bien plus rattaché à la réalité dans sa manière d'être, et dans son terrible manque de personnalité lorsqu’il s'agit de s'habiller. S'il aime les choses irisées, les mèches désordonnées mêlées aux ambitions de rebellions, cela reste avant toute chose dans son imagination. Lui préférant d'avantage les t-shirts blancs et les jeans peu moulant, les cheveux parfaitement soignés et l'expression gelée; choisissant la banalité d'un gamin qui souhaite avant toute chose de ne pas se faire remarquer par la société.

phobie : il cligne des yeux et soudainement il se voit seul. Les regards et les doigts pointés, au loin dans sa direction, les rires, les murmures imperceptibles, les yeux qui fuient en entendant son prénom. et si? et si on apprenait qu’il n’était peut-être pas noir comme il le prétendait? peut-être gris, gris comme un amant meurtri. Gris comme “j’aime, mais je n’aime peut-être pas les filles.”

rêve : être léger sans le poids de la conscience et des péchés. vivre sans regretter, sans se sentir déja usé par le temps et le poids des attentes de ses ainés.