Il avait rarement le temps de se poser dans un café. En tout cas, pas dehors, pas dans une terrasse conçue pour prendre son temps et savourer une boisson. C’était un luxe qu’il ne pouvait étonnamment pas s’offrir, et dont il n’éprouvait ni le besoin ni l’envie. Il ne faisait pas de déplacements inutiles, ou du moins les limitant autant que possible. Son temps libre, quand il en avait, il le passait à s’avancer dans son travail – quitte à torturer ses employés – et quand il arrivait à libérer suffisamment de temps, il allait voir Meena. Le temps nécessaire variait en fonction d’où il travaillait sur le moment, mais, là, il était sur Séoul pour quelques jours. Il n’était pas censé avoir à se déplacer, mais, il l’a fait. Il s’est débrouillé pour travailler à la capitale quelques jours, et, il avait tenté d’appeler Meena pour la prévenir, mais, elle ne répondait pas.
Oh, elle ne répondait pas. Il regarda son cellulaire revenir à l’écran d’appels quelques secondes, le mit en veille, le rangea dans sa poche. Il continua à marcher en direction de l’appartement, l’expression neutre, l’esprit quelque peu inondé par la question « pourquoi ne répondait-elle pas ? » Eh bien, elle devait être loin de son téléphone, ou en train de passer elle-même un appel, mais, pourquoi serait-elle loin de son téléphone, et, à qui parlerait-elle ? C’était curieux. Ces questions il les gardait et les gardera pour lui. Il n’était pas du genre à exposer ses interrogations, pour la plupart, il n’était pas du genre à être envahissant, à demander des explications, mais, si le doute était grand, il était du genre à aller voir directement sur son portable, regarder à qui elle pouvait marcher, ou regarder le sol de l’entrée, il avait appris à mémoriser les marques de ses chaussures, et de celles de Meena, il verrait bien s’il y en avait d’autres. Pas grand-chose aurait pu le sortir de ses pensées, mais, sur son chemin, il y avait ce café, et, dans ce café, il ne la voyait que de trois quart, mais c’était elle. Eh bien, quand on pensait au loup. Il s’avança doucement, sans manifester sa présence, et alors qu’il était à deux trois pas, il entendit de bien curieux mots passer le pas de ses lèvres, et. Oh. Ca voulait dire ce que ça voulait dire n’est-ce pas ? C’était curieux, ça aussi. Cette expression et cette façon de le dire. Ce ton là, elle y pensait sérieusement ? Et quand bien même, pourquoi dire ça ? Vraiment, ça avait le don d’attiser sa curiosité. Et il serait bien resté là, à regarder ce qu’il allait se passer, mais il était déjà si proche, le « Bonjour Meena » qu’il allait lancer était déjà sur le bord de sa langue, et il décida de ne pas le laisser attendre, et il le prononça. Un très léger sourire aux lèvres, il laissa sa valise derrière elle alors qu’il se déplaça pour qu’elle puisse mieux le voir, demandant simplement. « Je ne t’embête pas ? Je t’ai aperçu sur le chemin, j’aurais trouvé ça triste de ne pas venir. » Il était légèrement penché pour ne pas qu’elle ait à trop lever la tête pour le voir, et malgré son sourire gentillet et ses yeux plissés par celui ci, ses pupilles lançaient un regard qui habitait une noirceur dissimulée.