how to feel better (yunho)

Ses journées l'épuisent, il a de moins en moins la foi de sortir après le boulot si ce n'est pour sortir Sunhee. Il n'a pas le temps de penser à sa vie ni à ses actes quand il est au salon – sourire, sourire, sourire et maintenir le masque pour le perdre tous les soirs. Le son à fond dans les oreilles pour fuir ses responsabilités, il en oublie toujours de changer, le corps qui s'affaiblit chaque jour et lui qui s'y rend aveugle et sourd. Rires et entrain devant les autres, apathie le reste du temps. Il vivait très bien sans fil conducteur avant, sans un guide pour lui montrer le chemin et sa vie n'en était pas plus désastreuse ; il s'amusait avant, ça lui allait, mais plus maintenant. Affalé sur le canapé, il se passe les mains au visage en faisant le point sur ces derniers mois chaotiques et l'instabilité qui régit de nouveau sa vie. Dans ces moments, il ne veut voir personne si ce n'est ces rares qui ont toujours eu de l'importance pour lui à un moment de sa vie – ils ne se comptent que sur les doigts d'une main et Yunho en fait partie. C'est de cette façon qu'une demi-heure plus tard, il se retrouve devant sa porte avec un petit sourire et par chance, c'est lui qui l'accueille. « Heeey Yun, ça va ? J'peux rester ? » Il se jette dans ses bras sans attendre de réponse, silencieux durant l'étreinte alors qu'il les pousse à l'intérieur et referme la porte avec son pied. « Emmène-moi si tu sors et désolé d'être venu sans prévenir. » Il recule et le regarde avec une moue exagérément triste et des yeux de merlan frit. « Tu me manquais. » Après quoi il reprend vite son air taquin et lui donne une pichenette sur le front. Ce gosse est parfois bizarre, mais il l'adore et veille toujours un peu sur lui, comme dix ans en arrière. Le monde est décidément bien petit, mais il est heureux que leurs chemins se soient recroisés.

C’était une journée plutôt tranquille pour Yunho mais en même temps, beaucoup de ses amis se demandaient si un gosse pareil était capable de ressentir le stress ou le désespoir tant il semblait détaché de tout. La vie est un jeu pour lui et chaque seconde lui est bien trop précieuse pour se laisser consumer par ses démons. C’est pour ça qu’il avait voyagé dans la ville munie de ses rollers, à rien faire d’autre que jouer de tricks ici et là et d’augmenter la vitesse, appréciant le vent frais estival, discutant avec des inconnus sur son chemin. Il n’y avait rien qui pouvait le rendre plus heureux que ça, de toute façon. Il était passé au boulot mais aucune cliente ne l’attendait et il fut renvoyé chez lui. Peut-être qu’à son âge, il devrait penser à trouver un job stable mais ça ne lui venait pas à l’esprit non plus. Il se plaisait bien dans ce club d’hôte car il y faisait des rencontres intéressantes presque tous les jours. Finalement rentré dans son appart, Yunho remarqua avec une moue qu’il serait tout seul pour la soirée. Il a horreur de ça, rester seul chez lui, alors il réfléchit à une alternative lorsque la sonnette retentit comme par magie. Yunho accueille Chulhei avec une expression de surprise sur le visage. Il ne s’attendait pas à le voir débarquer.

« Ouah Chullie, qu’est-ce que tu fais là ? »

Il n’a pas vraiment de réponses à sa question que son ami d’enfance vient se jeter dans ses bras. Heureux, Yunho entoure le dos de Chulhei pour le garder contre lui. Il était toujours là quand Yunho commençait à paniquer, comme s’il le sentait alors qu’au final c’était sans doute un concours de circonstance. Il se laisse reculer en arrière tandis que le plus âgé ferme la porte de son pied.

« Bien sûr que tu peux rester, pose pas de questions stupides ! Je comptais sortir mais puisque tu es là on n’a qu’à rester ici tous les deux. »

Yunho accompagne son discours d’un petit rire candide, gardant ses bras autour de son ami. Chulhei était bien plus qu’un ami pour lui en réalité. Il était l’une des seules personnes qui ne l’avait jamais abandonné en cours de route, alors ça lui donnait toute son importance. Il avait eu un gros crush sur lui aussi, quand il était plus jeune. Son premier amour, alors il avait forcément cette petite place spéciale dans son cœur. Quand ce dernier lui dit qu’il lui a manqué, Yunho ne peut pas être plus heureux. Il se sent important tout d’un coup, aimé. Pourtant, son sourire se transforme bien vite en grimace tandis que Chulhei vient lui faire une pichenette sur le front.

« Aieuuuuh. » exagère-t-il en se tenant le front, une joue gonflée comme un enfant. Finalement, le plus jeune se recule, riant de nouveau, passant du coq à l’âne mais ça n’avait rien d’étonnant quand on le connaissait.

« Tu me manquais encore plus hyung. Pourquoi tu as l’air tout triste ? ça s’est pas bien passé au boulot ? »

La curiosité l’emportait tandis que Yunho savait bien qu’il ferait mieux de ne pas se montrer trop curieux. C’était plus fort que lui et il n’aimait pas voir Chulhei se taire alors qu’il semblait avoir beaucoup de choses qui le pesaient. Avec un petit sourire taquin, il propose en omettant le fait que ça puisse sembler équivoque, Chulhei le connait assez pour savoir qu’il ne pensait pas forcément à mal.

« Tu veux que je te fasse te sentir mieux ? »

En lui proposant de boire dans sa réserve ou en lui racontant des histoires drôles, Yunho avait bien d’autres façons d’aider les gens à aller mieux et ça semblait être la seule chose qu’il était capable de faire plus ou moins correctement.