destin cruel (haeil)

destin cruel

regard rêveur, esprit absent, sourire présent : être ambivalent où la respiration cache un lourd secret. parmi cet âpre parfum, cette amère musique, elle flâne, délibère sur la boisson qu'elle préfère, rêve. l’heure s’arrête ou plutôt s’étend pleinement, se déplie et s’amplifie. quelle simplicité de se perdre ainsi entre les graines torréfiées ou moulues, et quelle aisance à respirer, doucement, ce mélange divin de crème de lait et de chicorée. « je vais vous prendre un café allongé, s’il vous plait. » l'infusion idéale pour réveiller son pauvre esprit martyrisé par son passé de souffrance et d'effroi ; ses pires moments gardés enfouis dans sa mémoire immortelle et qui, encore aujourd'hui, la tiennent prisonnière de douloureuses insomnies. « merci. » ses doigts frêles attrapent le petit gobelet, puis, les mouvements s’enchaînent sémillants, itératifs, opalescents. ses cheveux épars, amoureux, s’entrelacent, et le pas lent, elle glisse vers la sortie pour mettre de l'ordre dans le désordre de sa vie. mais, esclave du hasard, des choses et de l’heure, sur son passage elle bouscule cet inconnu au regard qui provoque en elle le vent des passions, l'aspirant à d'autres sensations, à en oublier le jour et ses préoccupations. mais elle n'a pas de temps à perdre en ces lieux, elle le sait, et pourtant, elle reste, immobile, à l'observer de ses yeux où les clartés trop brutales s’émoussent. « votre chemise... je suis vraiment désolée. » de ses clairs vêtements s'exhalait tour à tour l'odeur du café enlacée à cette affreuse couleur noirâtre. « je n'ai vraiment pas le temps... je vais vous donner ma carte... je paierais pour le pressing, vous n'avez qu'à m'envoyer les frais à l'adresse indiquée. » les mots épris d'une férocité passive, l'âme légère et douce, avec encore des braises plein la tête, l'empressée lui tend ses mains où se meurt cet ensemble de petits cartons vert émeraude. libre à lui d'accepter, ou non, sa condition.