bad guy - suhee

|	bad guy ; hylan & sunhee

— Siyang occupé à quelques voyages d’affaires en compagnie de son père, fils unique qui se doit malgré lui de suivre les pas devant lui et Hylan s’ennuie sans lui. Manège qui se répète, ses yeux vaguent de du grand écran de télévision à son paquet de cigarette abandonné à ses côtés, entamé depuis des heures déjà, il lui en faudra bientôt un nouveau. Il soupir, las de tout. Avant, il aurait répondu aux dizaines de messages lui annonçant les soirées du moment, il se serait rendu à chacune d’elles pour ensuite finir en loque aux aurores et n’avoir aucune idée de comment il était rentré chez lui. Il avait décidé de se reprendre en main, il ne voulait plus être ainsi. Et puis, il avait Siyang, il ne pouvait pas se permettre d’écart avec lui, n’en ressentait aucune envie.
Mais le manque est présent. Il a besoin de le combler. Il sait qu’il n’a rien chez lui, sa dernière dose épuisée la veille. Il attrape son téléphone et après plusieurs coups de fil, réalise que son dealer n’est pas disponible, pour une quelconque raison. Hylan reprend place sur le canapé, y voit un signe du destin pour le forcer à arrêter mais rien n’arrive à le distraire. Les images sur l’écran lui causent des mots de têtes et le goût de la clope devient âcre contre son palais. Et alors, il se souvient d’un numéro qu’on lui avait passé d’un nouveau dealer, un qui préparait personnellement sa poudre magique. Il avait hésité au début.
L’hésitation ne dure pas. Hylan a déjà sa veste en cuir sur les épaules frêles et le lieu de rendez-vous fixé. Minuit est passé depuis longtemps et les ruelles se font plus vides. Il erre entre les buildings familiers jusqu’au vestibule de celui où il doit retrouver l’inconnu. Il est arrivé en avance et une dizaine de minutes plus tard une silhouette féminine s’avance en sa direction. Il hausse un sourcil sous la surprise, accentué quand il pose le regard sur le visage juvénile qui lui fait face. « Suhee ? Tu devrais pas être ici aussi tard. » Il voyait encore en la sœur de Siyang cette petite poupée qu’il croisait parfois le long des couloirs de la maison. Il ne comprenait pas ce qu’elle faisait ici, si loin de chez elle.

|	bad guy ; ft. Hylan

— A pas de velours dans l’allée sombre, elle marche vers sa destination sans ralentir. Si on lui avait dit, il y a quelques mois, qu’elle passerait autant de temps dans ce quartier où une seule de ses paires de chaussures pourrait changer la vie d’un de ces habitants, elle n’aurait peut-être pas mis autant d’efforts dans son entreprise. Sans considérer qu’elle déteste être ici, il y a quand même cette sensation étrange et persistante d’être en décalage avec le reste du monde, de ce qu’il se passe ici. De la culpabilité de venir là-bas par choix, de l’angoisse d’avoir l’impression qu’un seul faux pas pourrait la conduire tout droit en enfer ? Quelque chose comme un subtil mélange des deux.
Plusieurs messages échangés avec un potentiel nouveau client, on peut dire que le bouche à oreille marche correctement pour elle. Loin de vouloir bâtir un empire à partir de rien, elle a créé quelque chose dont il lui sera difficile de se débarrasser sans faire de bruit maintenant. Entretenue par les addictions des autres, elle nourrit sa propre passion dévorante avec prudence. Elle ne sait pas encore s’il sera son dernier client de la soirée, mais les billets froissés dans l’une de ses poches n’ont cesse de lui brûler les doigts quand elle ose cacher ses mains au même endroit.
Mais il y déjà quelqu’un qui a pris possession du lieu de rencontre décidé à la hâte, une silhouette familière qui se découpe dans les ombres de l’endroit mal éclairé. Un terrible instinct de survie lui murmure de faire demi-tour tout de suite, mais rien qui ne s’apparente à de la logique ne lui vient à l’esprit pour confirmer ce sentiment. Alors, les sourcils un peu froncés, elle continue à s’avancer vers lui en scrutant les environs. Repoussant la capuche sur ses épaules alors qu’elle s’approche de plus en plus, il n’y a que le son de son propre cœur battant à la chamade pour couvrir celui de ses pas pleins de retenue.
L’inconnu n’en est pas un, et le souvenir de l’avoir vu quelques fois dans la maison familiale remonte subitement. Plus présent ces temps-ci aux côtés de son frère aîné, il s’est même rappelé de son prénom et de son visage alors qu’elle n’y revient qu’en fin de semaine. Il va compliquer les choses, s’il reste là. Sur son visage un peu surpris, elle peut lire l’incompréhension qu’elle doit probablement afficher aussi – les yeux un peu plus ouverts, elle tente cependant de réajuster le voile de sagesse et d’obéissance qu’elle porte si souvent. « Oh... salut. » Malgré le ton qu’elle croit être plein de reproches ou de jugement, elle essaye vainement de fausser une assurance. Tout va bien, tout est normal. « Ne t’inquiète pas, j’attends juste quelqu’un. Il ne devrait plus tarder. » Même si la question semble prête à s’échapper d’entre ses lèvres à tout instant, elle se garde bien de lui demander ce que lui fait ici à cette heure là, tant elle redoute le moment où il pourrait la lui retourner. Le téléphone dans la main, elle fait mine de regarder l’heure comme pour lui prouver qu’elle ne ment pas vraiment, mais hésite en réalité à changer le lieu de rendez-vous pour éviter d’avoir à lui faire face plus longtemps.