promised neverland feat. heon

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(vêtements) feat. @rhee heon
Céder. Céder. Céder. Il l’a fait avec tant de facilité qu’il en devient presque impossible à croire que plus de deux années se sont écoulées. Deux années avant de s’asseoir à nouveau l’un en face de l’autre ; là où leur histoire s’était écrite, ici et ailleurs. Et se serait mentir que de dire que le cœur de Hyunmin ne battait pas la chamade – seule l’expression de son visage fait froid dans le dos, une fine pointe de rose en fond. Il s’avance dans le vide, vers un univers qu’il pensait avoir fui durant des années, mois, semaines. Seulement la lune complice de bien des secrets s’était joué des chemins croisés ; les destins continuellement liés. Ils ne sont que des victimes face aux sentiments développés en puissance, prisonnier d’une mascarade de mensonge derrière la cruauté d’une vérité à laquelle le plus vieux a tenté de s’échapper. En vain.

Alors son regard se pose enfin sur celui qui hante chacune de ses nuits. Et il se sent respirer de nouveau, malgré la colère qui émane de lui. Tant de rancune, tellement d’amour … Il ne sait que dire. Que faire, que penser. N’arrive plus à contrôler les émotions qui en ressort ; lui-même porte le fardeau du paradoxe. Ce sont les promesses d’Heon qui ne cessent de résonner, encore et encore. Il en deviendrait fou. « Je changerai. » Le garçon le lui a encore dire, écrit. Mais combien de fois encore devra-t-il l’écouter parler dans un vide qu’il ne connaît que trop bien ? Il le déteste. L’aime. Il le hait. L’aime. Ses lèvres ressentent encore les siennes. Et son parfum est le même qu’avant, l’agrume délicat mélanger à l’odeur de cigarette propre. C’est différent, et même s’il n’en croit pas un mot, l’espérance se joue à nouveau de lui – il aimerait tant que ça marche, cette fois.

De sa main, il appel le serveur au loin. Hyunmin n’a décroché aucun mot pour lui. Sa voix ne résonne que dans la commande qu’il passe pour eux ; et déjà elle s’éternise en silence. Ce n’est que temporaire, il le sait. Rares sont les fois qu’il a tenu en le regardant simplement dans les yeux – et pourtant, ses iris ne décrochent pas. Il aime ce visage criblé de souvenirs, se revoit embrassé chaque recoin. Mais le mauvais regagne la route, sauvé de justesse par les boissons. Les mêmes qu’autrefois, les goûts qu’il aimerait inchangé. « Tu aimes toujours autant le chocolat au caramel ? » C’est vague et précis à la fois. Une question qui leur ressemble.

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(vêtements) feat. @kim hyun min

Heon a fière allure dans ses beaux habits.


Il n’a rien d’autre à offrir, que les luxueuses couches de vêtements pour tenter de dissimuler le mal en lui, la fatigue qui lui dévore les membres. Et surtout, la détermination qui devient si légère sur ses frêles épaules. Il avait promis qu’il changera et c’est ce qu’il faisait. Seulement, cette dernière semaine lui a salement rappelé la réalité, ça fait trop mal. C’était trop dur de décrocher. Les deux premiers jours ont été les pires, il avait froid même sous les rayons chauds du soleil sur son balcon. Ses bras et ses jambes étaient glacés, et son esprit – vicieux, appelait à foutre le nez dans un rail de coke pour y puiser quelques relents de tendres chaleurs. Son corps déjà mince avait perdu en poids et il ne supportait plus que son regard se pose sur son reflet.

Heon, c’était l’orgueil, la fierté à l’état brut. Je gère, je gère, qu’il s’était toujours persuadé le sourire conquérant, oubliant déjà tous ses anciens sevrages non réussi. Il finissait par céder, à chaque fois, et Hyunmin l’avait quitté.

Il tiendra bon, il n’y a que son image pour le faire continuer.

Les jours d’après ont été moins moroses, quelques soupes commandées ont rempli son estomac et il s’est distrait de longues séries sur netflix. Et puis aujourd’hui est venu. Aujourd’hui, Heon se sent mieux. Et il veut sa récompense, du moins une partie. Le visage de Hyunmin face à lui, plus qu’un simple mirage ; une réalité. Il n’a plus si froid et son grand manteau l’aide à préserver de la chaleur. Il ne tremble presque plus.

Il s’est fait beau, tout beau. Du parfum à son cou et au centre de ses poignets, des bijoux sur ses oreilles percées. Il a les cheveux parfaits, le visage avenant malgré les auréoles bleutées autour de ses yeux et sa mine épuisée. Après tout, une semaine d’insomnie ne peut être vaincu par un vulgaire bain. Il est nerveux quand il arrive face au café, il a besoin de se griller une cigarette avant d’entrer et il écoute docilement cette envie. De l’autre côté de la vitre, la silhouette de Hyunmin lui apprait, ils sont arrivés en même temps. Il écrase son mégot de la semelle de ses derbys et rejoint l’intérieur du café. L’air y est plus doux, pourtant il s’emmitoufle un peu plus dans son manteau.

Enfin en face de l’autre, ils s’observent silencieusement. Il n’ose pas prononcer une simple salutation et Hyunmin n’aide pas à le mettre à l’aise, qu’importe, au moins il est là. Les boissons sont déposées et Heon a l’automatisme de venir poser ses paumes contre la tasse brûlante, une habitude d’enfant qui ne s’est jamais défaite. « Mon préféré. » confirme-t-il d’une voix basse, le sourire doux sur ses pulpeuses. « Tu es beau aujourd’hui. » compliment qui lui échappe, pourtant ses yeux restent figés sur sa tasse.

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Qu’importe où ni comment, il ne sait que faire devant l’autre. Le regard est le même que la fois précédente, sombre et impassible en même temps. Seule la neutralité de son expression reflète sur le visage, et le silence exprime la souffrance longtemps subit. Autrefois en ce même lieu, les larmes faciles miroir des rires qui en sortaient. Aujourd’hui l’impossible devient possible, et la tristesse n’en ressort que plus différente. Nostalgie émane des deux âmes en peine, sujet de bien des choses. Et l’apparition n’est qu’un morceau de craquage qui se voudrait plus grand encore, l’espoir vain et incontrôlé au fond. Hyunmin n’est que faiblesse devant les yeux irrités de son amant. les tremblements plus grand.

Tous les deux vêtu d’un apparat qui se veut particulier ; la tenue du dimanche, peut-être la seule plus ou moins potable de son dressing de pauvre. Un effort qu’il ne comprend qu’à peine, deux heures auparavant où une énième plainte s’écrasait entre ses lèvres à la simple lecture de mille messages. Mais Heon est Heon, et Hyunmin est Hyunmin. L’impassibilité imparfaite – le masque de bienveillance dans le regard mélancolique. Le deuil d’une relation amoureuse acariâtre. Les nuances grises évoluant en arc-en-ciel ; ce n’est qu’un dessein au milieu du chaos.

Un désir perdu,


Optimisme qu’il connaît vain. Le plus vieux se demande encore comment les regards arrivent à se croiser, et les joues se teindre de cette même couleur - comptoir de la supérette, et le numéro de téléphone annoter discrètement sur le ticket. Tout n’est que plus beau, et les taches sombres pour compléter le tableau. Et jamais il n’avait souhaité vivre de la sorte … La liberté au loin, accrochée si fortement à la main de l’autre, le fil rouge entre les doigts. Prisonnier d’un amour autant plaisant que déplaisant. Mais il l’aime, l’aime, l’aime, encore et encore. L’aime si fortement que les années ont défilés sous l’insigne du supplice ; la fierté sans doute trop grande pour l’avouer.

et il se tait à nouveau.

« Regarde-moi. » Chaque mimique de l’autre, chaque odeur, humeur, mouvement sur le bout des doigts. Et l’effort fait souffrir – la demande n’est que douloureuse, il en a conscience, mais ose. L’abstinence et ses effets, combien de fois a-t-il regardé Heon mourir pour lui … Il se sent égoïste, et son regard trouble le sien un peu plus. Il aimerait tant ne pas avoir à passer par là, jouer au couple normal faisant un break à cause de mille doutes sentimentaux. Hélas il n’en est rien, et la demande n’est que trop importante pour ne pas la glisser. Elle est la condition pour que tout marche à nouveau. Les sourires manquent sur les visages. « Ça fait mal ? » Le manque d’eux, ou celui de la drogue. Qu’importe, le manque semble être le même à ses yeux. Il y a longtemps qu’il a fait son choix … Et la perte n’était que plus grande à l’époque. « Je me suis toujours demandé ce qui a fait que tu as commencé. Je veux dire, on était bien avant que tout ça n’arrive dans notre vie. Avant que je commence à me battre contre, et que tout se termine. » Avant qu’il ne fasse un choix qui aujourd’hui encore, pèse sur les épaules. Leurs épaules. Et les mots posés dans un calme étrange. La voix ne tremble pas, il est simplement curieux.

Curieux de comprendre l’erreur qu’il a commise ce jour-là. Avant de le laisser se noyer dans une eau trop profonde, et que les doigts n’attrapent jamais les siens à temps. Et il a mal,



Parce qu’il l’aime si profondément que l’eau n’est pas l’océan, mais la flaque surmontable d’un jour de pluie … Il avait besoin de prendre l’air, et de revenir plus fort encore, peut-être.

Tout n’est que doute.

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Il baisse les yeux sur sa tasse de café, colle les paumes contre le verre brûlant. Il baisse les yeux puisqu’il ne peut soutenir le regard de l’homme chéri, il en a perdu le droit quand il s’est lancé dans cette chute sans fin. Il baisse les yeux parce qu’il est déjà au plus bas, il ne peut les relever. Il a froid, Heon. Dans son col roulé et son long manteau, il continue à avoir froid. Il ne sait pas comment il le fera pour les mois à venir, ils n’étaient qu’en début d’hiver et il a déjà le corps gelé. Le cœur aussi est dans le même état et ça se répand, ça se propage, le verglas se prolonge sur le bout de ses doigts et de ses pieds, remontent jusqu’à sa gorge. Il lui devient difficile de déglutir, encore plus de parler. Il y’a mille litanies qu’il aimerait prononcer, tant de compliment à chantonner au creux de l’oreille de Hyunmin. Tous les mots qu’il connaît ne suffiront certainement pas pour exprimer le manque.

Le manque de lui.
Le manque d’eux.

Le manque d’avoir le nez poudreux de quelques grains blancs de bonheur artificiel.

Il a si mal mais il a promis d’être fort. Peut-être que ça ne servira à rien et que toute cette douleur est sans raison. Hyunmin ne lui reviendra surement pas, au moins il aura essayé. Il amène le café jusqu’à ses lèvres, goût sucré qu’il devine plus qu’il ne ressent réellement. Tout a une saveur acre sur son palais ces derniers jours, les aliments se ressemblent, les boissons aussi. Il n’y a plus que sa cigarette qui lui offre un certain réconfort. Alors il s’attache au souvenir, se remémore à quel point il aimait cette boisson caramélisée, que ce soit dans ce café ou chez Hyunmin quand l’ainé la lui préparait.

Regarde-moi. L’ordre est sommé et l’enfant faussement docile qu’il est obéit, il redresse la tête, les épaules toujours affaissées. Il plonge ses iris noirs dans les orbes de son vis-à-vis. Il aime ce perdre dans ces deux grands joyaux, bien que sa vision soit plus floue dernièrement. Le silence se fait un instant, lourd et contraignant. Heon aimerait parler mais il n’a plus rien à offrir. Il repose sa tasse délicatement sur la surface en bois de la table. « On prenait toujours cette table avant. » murmure-t-il, la tête à nouveau baissée, tandis qu’il ignore consciemment les questions du plus vieux. Il tourne la tasse entre ses longs doigts. Ses lèvres s’entrouvrent et un soupir s’en échappe. C’est douloureux de se retrouver dans un endroit emplis de souvenir heureux alors qu’il n’y a plus cette relation d’avant entre eux.

« Ça fait un mal de chien. » L’accusation dans son ton est incontrôlable, il peine à la dissimuler. Ce n’est pas entièrement lui, le manque revêt le grain de sa voix et parle pour lui. Il ne dirait jamais s’il avait tout son esprit, Hyunmin ne désirait que son bien. Mais il a mal, si mal, et il a besoin de quelqu’un sur qui rejeter la faute. Et les voix lui susurrent que c’est Hyunmin la cause de tous ces maux, s’il ne l’avait pas quitté, s’il ne lui avait pas demandé de changer ; alors il n’aurait eu besoin d’arrêter. Il serait plongé dans sa belle frénésie. « Je…Je m’y fais. » corrige-t-il finalement, conscience de ses mots. C’était un faible prix à payer, pour la possibilité d’un lendemain à deux.

« Ce n’est pas de ta faute. Je me suis jamais senti totalement à ma place quand on m’a recueilli, quand je suis devenu un rhee. J’étais habitué à ne rien avoir et du jour au lendemain j’ai tout eu. Et j’en voulais encore plus, je voulais leur ressembler. » A ces enfants riches et libres qu’il côtoyait chaque soir sans jamais se sentir des leurs, parce que cette cuillère dorée lui a été offerte, il n’est pas né avec. « Je n’étais heureux et moi-même qu’avec toi, mais on pouvait pas tout le temps être ensemble. » Hyunmin avait son travail, ses propres soucis et lui ses obligations avec sa famille. Il a commencé à ressembler de plus en plus à ces personnes, mais il l’avait perdu.

« Est-ce que tu as pensé à moi ces dernières années ? » Tant de moments qu’ils auraient pu passer ensemble mais il a tout gâché. Hyunmin a vieilli, lui a grandi. Ses sentiments, néanmoins, sont toujours figés.

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La gorgée est chaleureuse. Peut-être ce qui brûle le plus son corps en l’instant ; la froideur de son visage est la même. Le cœur est enveloppé d’un tissu éternellement épais, pas même un coup de vent violent pourrait affecter son emplacement. Il se sent nerveux, mais la colère est plus forte encore. Et le visage nostalgique de son amant d’autrefois reflète le réel de ses sentiments – de ceux qu’il arrive à cacher quelque temps, jamais plus. Tant il a mal, tant la blessure s’épaissit de jour en jour. Dans son âme. À lui, à eux.

Paradoxalement, l’échancrure des lèvres se relève discrètement … Dans un sourire sincère aux souvenirs d’avant. Hyunmin se souvient de toutes ses fois où les regards s’étaient croisé en ce même lieu, ce même espace - belle ironie que de comprendre que les yeux s’évitent en ce jour, de nouveau. La timidité n’y est pour rien, pourtant. Mais le cœur lui rappel ce premier rendez-vous, ces mêmes boissons dégustées sur ces mêmes places. Et ça l’apaise un peu plus. Ose le rendre légèrement plus détendu ; ça n’enlève rien à l’amertume qui émane de son être au complet. Seulement peut-il rester impassible de la sorte ? Devant l’affliction qu’il afflige. La demande effrontée sans jamais glisser promesse d’avenir – mais il espère. La réussite de cette requête.


« J’aimerais te dire que ça ira, mais c’est quelque chose devant lequel je suis impuissant. » Faible de pouvoirs ; il n’est que spectateur d’un mal-être désiré pour croire en un lendemain plus agréable. Heon lui fait mal au cœur, il l’aime pour son courage - le déteste pour sa lâcheté. Ô combien il aimerait rencontrer la réussite de cette quête ! … Mais ce n’est qu’un prix, une coupe devant les yeux, éloignée face à mille autres concurrents. L’alcool, la drogue, lui. Les trois amours d’une même vie. « Peut-être que cette fois c’est la bonne. » chuchote-t-il doucement. Ses doigts viennent chercher ceux du garçon comme une caresse délicate chatouillant des encouragements discrets. Pour lui aussi, c’est un combat.

Et s’ils ne le mènent plus ensemble,
Ils vivent le même.

« Ce que tu as gagné à cette époque, c’est que j’ai perdu peu de temps après … Mais jamais je n’ai désiré cette vie que tu mènes. Parce que j’étais petit, certainement. Et peut-être que les rôles seraient inversés si nous étions resté aux mêmes places, mais je n’aurais pas cherché à ressembler à d’autres personnes qui ne sont pas moi. » Il n’est pas froid, paradoxalement doux dans sa diction. Son regard se pose sur sa tasse encore fumante. « C’est de toi dont je suis tombé amoureux. Pas d’un autre dont je ne connais rien, alors ne cherche pas à être eux s’il te plaît. » Sa voix tremble presque, et son âme s’apaise devant les caresses qu’il lui offre. « Même si c’était compliqué et blessant, n’oublie pas ton passé Heon. Il est toi, tout comme mon passé est moi. » Et si Heon aime Hyunmin, c’est pour son vécu. N’est-ce pas réciproque ? Tout est similaire. Il l’aime pour son passé, l’aime encore aujourd’hui ; invraisemblablement  pour les émotions qu’il lui fait vivre. Le déteste et l’aime, le rend curieux pour bien des choses – il a tant envie de découvrir où ils seront demain. Un voile de réussite. Complice.

« Tous les jours. » Toutes les nuits.

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Et il rejetait silencieusement la douleur sur Hyunmin, le rendant fautif de tous ses maux. Il est incapable de faire autrement, il en a besoin pour ne pas sombre plus bas. Le manque est insupportable, le mal qu’in engendre plus corrosif et il faut y donner une raison. Hyunmin en était l’unique. Si ce n’était pour lui et l’espoir de le retrouver comme avant, Heon ne l’aurait jamais fait. Il est trop lâche pour quêter d’aller mieux seulement pour lui-même. S’il s’écoutait, s’il n’écoutait que les voix criardes au fond de son crâne, alors il se précipiterait dans sa salle de bain à la recherche de cet unique sachet de poudre magique qu’il avait gardé au fond d’un récipient vide de crème.

Sans vraiment savoir pourquoi il l’avait gardé. Au cas où. Il faiblirait, ou que Hyunmin ne lui revienne pas.

Après tout, aucune promesse ne les avait liés, Heon ne faisait qu’espérer. Et ça suffisait pour l’instant, trop obnubilé par la douleur pour douter. Mais il ira mieux après et il aura besoin de la certitude que Hyunmin sera là.

« Ça me ferait du bien, pourtant, si tu me le disais. » soupire-t-il en levant les yeux pour les ancrer dans les onyx chéris. Il aimerait qu’il le rassure et lui répète que tout ira bien. Cette fois-ci, il serait fort, qu’importe si ce n’étaient que des mensonges. Une poudre aux yeux pour se voiler de la pénible réalité. Il aurait voulu entendre ces mots-là. Ses doigts quittent sa tasse après une dernière gorgée. Il les entend presque. Les doigts de Hyunmin viennent à la recherche des siens, et ses phalanges se courbent, se réfugient dans la chaleur familière d’une main qui lui était devenue interdite. Les années n’ont rien changé, il l’aime toujours autant.

Il l’aime à en perdre raison.

C’est de toi dont je suis tombé amoureux.

Les paroles tournent, disque rayé sur un vinyle cassé, et il ne peut que les écouter encore et encore. Cela avait le goût flou du passé, l’incertitude de l’avenir. Qu’étaient-ils aujourd’hui ? Plus des amis, et Heon n’accepterait jamais l’amitié.

Des étrangers ? Plutôt crever.

« Je suis désolé. » souffle-t-il, incapable de prononcer autre chose. Il maudissait sa jeunesse pour les erreurs qu’il avait commises, ses yeux trop grands ouverts sur un monde qu’il voulait posséder entier. Heon était gourmand, désirant le bon comme le mauvais. Est-ce qu’il n’était pas encore ce même gosse ? Pouvait-il assurer sans fléchir qu’il était l’adulte de vingt-trois ans aujourd’hui. Il resserre sa prise contre les doigts de Hyunmin, autant que ses doigts tremblants le lui permettent. Il a froid sous son manteau d’hiver.

« Je pense à toi tout le temps. » répond-t-il à son tour, les paupières mi-closes, un semblant de regard ancré sur sa tasse encore fumante. Il s’en veut plus que tout, de cette distance qu’il avait imposé entre eux. Ils étaient si heureux. Et si Hyunmin pense à lui, il n’était peut-être pas trop tard. Il relève sa main libre et la passe par instant sur le contour de ses yeux, réprimant des larmes traîtresses avant qu’elles n’aient l’occasion de se libérer. « Ces années sans toi…j’aurais voulu qu’elles n’existent pas. » Tout était effrayant sans lui à ses côtés.

« Est-ce que tu m’aimeras de nouveau ? »

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Il entend la douleur émaner du corps de l’autre. La souffrance que le manque lui fais subir – ou celle qui lui fait subir. De sa demande, peut-être égoïste, toujours bienveillante. Et Hyunmin ne sait comment réagir, quel mot prononcer pour soulager le mal-être. Il en est lui-même une victime, coupable dans un sens contradictoire. Il sait que Heon pense que tout est de sa faute ; il n’a pas tort. Il a été lâche. Celui qu’il n’a jamais cessé d’être, et qu’il a continué à être sans répondre aux messages, aux appels, sans même avoir le courage d’écouter son répondeur de peur de craquer. Et tant de fois où ils auraient pu se recroiser – différent de ce soir-là … Le destin dans tout ça ? Un brûlant flacon de philtre d’amour, ramenant alors les deux amants indéniablement sur la même voie. à la rencontre l'un de l'autre.

« Peut-être que si cette fois-ci je ne te le dis pas, ça marchera. » Il hausse les épaules discrètement. Hyunmin tente de se convaincre devant l’impossible. Le chemin qu’ils ont parcouru est déjà si long, haut en émotions. Mais la tête se relève et soudainement, il peut voir la route qu’il reste à venir. Peut-être qu’ils y arriveront ensemble cette fois-ci ? Peut-être qu’il cessera d’être lâche. Qu’il tendra sa main au bon moment ; question de mauvais timing, toujours, encore. Il caresse une énième fois la paume de sa main, paisiblement. Et son cœur en rate un battement – il l’aime tant. « Tu trembles … » souffle-t-il inquiet. « Est-ce que tu veux mon manteau sur tes épaules ? » Éternel amoureux. Jamais il ne cessera d’être le Hyunmin d’avant l’armée. Celui pour lequel Heon est lui-même tombé sous le charme discret ; même quand ils n’étaient plus ensemble, il a toujours été là. À lui tendre la main en pleine nuit pour le ramener à la maison, à l’abri des regards déçus de ses parents. Combien de fois l’a-t-il sauvé ? Jusqu’à y perdre la raison – jusqu’à partir sous l’insigne d’auto-protection … Le cœur souffrait déjà tant. Seulement va-t-il mieux ? Pas même un peu. Un voile de tristesse.

Des excuses. Soudainement résonnent : encore et encore. (Encore, encore, encore, encore,  encore et encore.)

Un sourire nostalgique se tisse sur ses lippes abîmées par le froid. Lui aussi est glacé, différemment, mais d’une similitude exacte. Hyunmin frissonne devant chaque mot qu’il entend de l’autre. Heon lui rappel chacune de ses erreurs, et elles lui font l’effet d’une claque sur la joue – il a échoué à cause de ces dernières années. Et même s’il pensait bien faire, même s’il croyait se protéger, le protéger de lui, pensant alors qu’il était fautif de sa dépendance, il n’y avait rien. Rien d’autre qu’une marque d’égoïsme impardonnable. Car si l’un pense être en tord, l’autre imagine l’inverse. Mais la raison ignore la personnalité et les pensées … Hyunmin reste celui qui avait un regard froid un peu plus tôt, parce qu’il a mal, lui aussi. Ils ont mal l’un comme l’autre.

« Après ce soir-là je suis parti m’enrôler dans l’armée. Ces années auraient fini par arriver un jour ou l’autre. » Pas dans les mêmes conditions, certes. Pas avec le silence et les permissions pour les éloigner. Mais la distance n’a pas tuée les sentiments ; elle n’a pas eu l’effet escompté par Hyunmin deux ans plus tôt. Il priait silencieusement pour Heon. De le savoir en vie. « Elles auraient peut-être été différentes si tout avait marché la première fois. » Il ne peut réprimer les reproches. Au fond, Hyunmin n’arrive pas à dégorger de cette colère qui a fini par monter en lui durant tout ce temps. « Et je t’en prie arrête de t’excuser. » implore-t-il. Sa main se retire de celle du plus jeune, un peu trop soudainement pour être cause de hasard. Il suffoque d’eux. Ou de cette discussion qu’il ne veut plus avoir à tenir avec lui. Il en a marre.

Tellement marre.

« J’ai besoin de respirer un peu. Je vais prendre l’air dehors. » Refréner cette rage qu’il ressent au fond : pas contre Heon, plutôt contre lui. De le savoir mal à cause de lui. C’est devenu insupportable. Et il a mal. Mal.

Tellement mal.

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Des peut-être dont ils s’entourent, des peut-être capables de changer le monde, tout le fil convenu du destin,
iusqu’au cœur de leur relation.

Heon auraient entendre ces mots-là de la part de son ainé, qu’ils caressent ses oreilles en quelques souffles de réconfort, se dire que cette fois-ci serait la bonne, qu’il lui faisait confiance. Que Hyunmin avait confiance en lui. Alors, sa douleur aurait une raison, et la supporter aurait mué par l’espoir d’être méritant de celui face à lui en cet instant. Heon ne voulait changer que pour cet amant qui l’avait abandonné, seul il n’est capable de rien. Seulement, Hyunmin est avare d’encouragements, il ne lui cède plus aussi facilement qu’avance.
Dynamique changée, inversée, il fallait que cela arrive un jour. Si Hyunmin était demeuré aussi faible pour lui qu’avant, la rupture n’aurait certainement jamais eu lui, ou de moins il serait revenu vers après ce fameux soir.

Hyunmin remarque ses tremblements et l’inquiétude émane chaleureusement de sa voix. Il aime qu’il s’inquiète pour lui, cela lui donne l’impression d’être encore important et lui souffle aussi l’idée malsaine de continuer d’être au plus, seulement pour que le regard du plus vieux reste égoïstement sur lui. « Tu risques d’avoir froid. » rétorque-t-il à son tour, pourtant sa tête se meut en un hochement positif malgré lui. Il pense au parfum de Hyunmin, ses effluves enracinés dans ce tissu chaud qu’il pourrait humer au plus près de lui. Heon le voit sourire sans bonheur, un éclat perdu dans les grands iris noir et soudain, il a du mal à soutenir son regard, ses doigts reviennent s’appuyer contre la tasse moins fumante et il contemple le dessin à peine défiguré après les gorgées qu’il avait prises. Il cherche une autre source de chaleur après que l’ainé se soit arraché à l’emprise de ses phalanges. « C’est différent. » souffle-t-il simplement, les années de distance n’étaient pas seulement le résultat du service militaire mais de leur rupture. Elles n’auraient pas paru si longues si Hyunmin lui avait simplement demandé de l’attendre, ils ne sont en rien différentes d’autres couples.

Ils tournent en rond, un cercle désespéré où chacun conçoit l’inconfort de leur situation. Hyunmin a vécu des années sans lui et surement qu’il peut continuer dans ce sens, lui n’a fait que survivre, l’esprit dénué de la moindre lucidité, et les hallucinations presque réelles offerte par une pilule blanche tout contre son palais. Mais s’il est sobre, s’il a conscience de tout ; il est incertain de pouvoir continuer tout en sachant que Hyunmin ne sera plus jamais sien. Il n’a plus le temps de chercher ses mots que Hyunmin se redresse et le prétexte sonne ; prendre l’air. Est-ce qu’il le faisait suffoquer à ce point ?

Heon reste figé sur sa chaise, ses doigts quittent la tasse et s’agrippent au col du manteau pour s’en entourer un peu plus.

De longues minutes défilent avant qu’il ne finisse par se lever à son tour et chercher le chemin jusqu’à la sortie, là où Hyunmin est. Il respire profondément, l’air glacé se propageant comme des aiguilles dans ses poumons gonflés. Il garde une certaine distance entre eux, ses doigts farfouillant dans sa poche à la recherche de son paquet de cigarette et du feu. Son regard longe la rue, les voitures et les piétons auxquels il ne s’intéresse qu’un minimum. Il prend les précautions nécessaire pour que la fumée n’arrive pas jusqu’à son ancien compagnon et enfin il se retrouve à prononcer une demande, sans jamais le regarder. Trop lâche, trop peureux, trop rancunier. « Si je continue comme ça, j’irais surement bien la semaine prochaine ; physiquement. Je pourrais t’inviter à sortir alors ? » Il s’humidifie les lèvres nerveusement, appréhendant un refus à ce rendez-vous espéré.

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Le vêtement glisse sur les épaules tremblantes, le sourire silencieux sur le visage. L’inquiétude n’en est pas moins sincère, mais Hyunmin aussi à froid d’un voile gelé différent. Ils ne sont plus les mêmes, nuancés de notes moins festives que lors des souvenirs radieux où le soleil rayonnait sur les visages. D’un couple qui se moquait du monde et des regards de travers à leurs mains enlacés. Ils n’ont jamais eu honte d’afficher ce qu’ils étaient : amis, amant, couple. Mais si aujourd’hui les mains s’enlacent encore, et le manteau s’éloigne de l’un pour prendre soin de l’autre, n’est-ce pas une simple marque de politesse accordée une dernière fois ? Similaire à ses nuits où le plus vieux venait à la rencontre de l’autre, empestant l’alcool et les substances haïssables. Il n’en est moins certain ; l’affection est la même qu’autrefois. Plus puissant peut-être, chevauché par la triste réalité de la souffrance qu’il a lui-même causée de son égoïsme.

Il est responsable des troubles,


Ses pensées l’étouffent. Sa gorge est lourde. Il se lève sans réfléchir plus longtemps, balançant des mots dont il n’arrive déjà plus à se souvenir. Son pull fin est le seul accoutrement qui le protège au mieux, mais il ne sent que la colère en lui – elle le réchauffe. Aujourd’hui, il n’avait pas songé plus longtemps, et c’était naturellement que l’envie d’être présentable, beau pour Heon s’était jouée de lui. Alors l’air frais tapotant ses joues lui rappel délicatement pourquoi il avait accepté de boire un café avec le plus jeune. Paumés et perdus, ils le sont tous deux. Et ils ont tant besoin l’un de l’autre ; ce n’est pas quelque chose que Hyunmin s’autorise à concevoir même s’il est architecte de sa conscience. Combien de temps cela prendre-t-il pour qu’il comprenne ? La question lui vint à l’esprit et le soupir se meurt sur ses lippes, fumant malgré lui de la poussière dans le vent. L’hiver est aussi froid que leur relation … Bientôt quatre années qu’ils ne sont plus.

Ça le tue.

Le regard dévie vers l’homme. Il tremble pareillement mais ne s’en plaint pas plus que lui, le silence persiste entre eux. Est-ce qu’il devrait accepter ? Son corps dit oui, son esprit affirme non, mais la bouche l’emporte. Elle détrône le négatif et lui laisse une énième chance. La seule épouvante qui hante son âme est celle de se tromper à nouveau, de se blesser encore une fois, et de ne plus être capable de rebondir derechef … Il a tant besoin d’eux. Tellement qu’il veux y croire. « Faisons ça, oui. » Sa voix est faible mais suffisamment forte pour qu’on l’entende. Pour qu’il l’entende. « Envoie-moi la date et l’heure par message. » Et pitié qu’il ne regret rien. Qu’Heon ne craque pas d’ici-là, et qu’ils s’aiment silencieusement, encore. « Je vais régler l’addition, ne m’attends pas. Je pars directement après, personne ne m’a appelé pour du travail. Il faut vraiment que je continue à chercher … » dit-il en se tournant légèrement vers lui. Hyunmin prend un instant d’inspiration avant d’écraser ses lèvres sur la joue écarlate du garçon. « Merci pour aujourd’hui. » En colère, frustré.

Heureux tout de même.

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