fall in love feat. yeji

Pris au piège à contre cœur. Byeol ne s’était pas imaginé vivre une telle situation, habitué à se préparer mentalement lors des diners avec les beaux-parents. Il jouait un rôle continuellement avec sa belle, et peut-être plus encore devant eux … Personne ne pouvait lui en vouloir d’essayer de rendre fier son père. C’était une pression qu’il fuyait dans le mensonge. La vérité ne pouvait pas faire de mal si elle n’était pas révélée ; encore fallait-il s’en soucier. Il ne se berçait d’illusions quant au devenir de cette relation. Elle était amusante aujourd’hui, seulement demain qu’en adviendrait-il ? Yeji n’était qu’un pion dans un jeu réel jusqu’à ce qu’il s’en lasse. Aussi terrible que cela pouvait l’être. Cruel au possible.

Réincarnation du diable.
« Quand tu m’as parlé d’aller diner tous les deux, je n’avais pas compris que tes parents étaient compris dans le lot ! » Son regard avait changé dès l’instant où ils étaient monté dans la voiture. Byeol n’aimait pas les surprises, encore moins lorsqu’elles l’emmerdaient de la sorte. Alors il resta muet, laissant ses yeux voyager dans le paysage nocturne de la fenêtre. Un soupir de mécontentement, il avait soudainement relâché la main de sa petite amie. « Je te ramène chez toi. » Froid et distant. Cette soirée était loin d’être l’une de ses préférées. Liberté étouffée contre sa volonté.

Ses lèvres se posaient naturellement sur les siennes. Un baiser qui se voulait furtif, témoignant son énervement. Machinalement plus que d’habitude. Byeol n’était pas sans sentiment. « On se voit lundi, passe une bonne soirée. » Contrairement à ce qu’ils avaient initialement prévus pour ce weekend. Maintenant, il voulait s’amuser autrement.

Le soir même, elle s’était préparée avec soin, maquillage léger, mais subtil, parfum capiteux, chevelure flottante dans le dos, longue robe en satin rouge épousant parfaitement ses formes... Yeji avait tout planifié dans l'espoir de lui décrocher un sourire ou un compliment quelconque. Pourtant malgré tous ses efforts, elle avait la désagréable sensation d’être transparente. Il l'avait à peine regardé lorsqu'il était venu la chercher. Pendant le diner, il ne lui prêta guère plus d'attention. Ce n'est qu'une fois seuls dans la voiture que Byeol consentit à lui parler, mais d'une façon si amère que Yeji fut, pour la première fois depuis le début de leur relation, consternée par son comportement. « Je ne savais pas que je devais te rendre des comptes à chaque fois que j’organise un repas. » rétorqua-t-elle calmement. « Je pensais que ça te ferait plaisir... » ce fut ses derniers mots, mais pas ses dernières massacrantes pensées.

Devant la demeure familiale, son coeur se pinça. Le baiser qu'ils venaient d'échanger était indifférent, froid, et dur. Il n'y avait là ni amour, ni tendresse, ni passion aussi. La présence de son père et de sa belle-mère l'avait-il dérouté à ce point ? Non, cela ne se pouvait. Il y avait quelque chose d'autre. Elle le sait. Elle le sent. « Attends ! Byeol ! je suis désolée, je ne pensais pas à mal en invitant mes parents. Je ne veux pas que tu repartes comme ça… pas tant que nous n’avons pas réglé ce problème. » dit-elle, empaumant sa joue d'une extrême tendresse. « Y a-t-il autre chose qui te tracasse ? Tu peux tout me dire tu sais... »

Une réponse à laquelle il ne s'y était pas attendu. Loin d'être habitué à entendre rétorquer sa belle contre ses paroles volatiles et compliquées à entendre, Byeol. Pourtant s'était un sourire qui s'affichait à ses lèvres, amusé de la situation – bien qu'il se voulût discret. Silence pesant dans la voiture jusqu'à l'arrêt. Cette relation devenait plus tendue depuis quelque temps, une impression d'échappatoire qui ressemblait à une prison aux mille barreaux écartés à son passage. Tout n'était que le fracas de sentiments qu'il n'avait jamais appris à ressentir, froid comme le baiser qu'il laissait en arrière-goût, pour dernière action avant les adieux, et la main sur la joue pour le retenir. Aussi énervant que ça pouvait l'être, il n'arrivait plus à se détacher de cette sincérité qu'elle mettait dans le semblant de relation construite à eux deux.

C'était déroutant.

Elle était déroutante, et il aimait.
De son sourire à ses yeux brillants, et de cette robe épousant parfaitement les courbes de ses hanches ; il n'y avait que lui pour ne pas remarquer la beauté de la femme accrochée à ses bras depuis tant de temps. Mais Byeol le savait, éternellement conscient de ce qu'elle représentait, jaloux au possible et pourtant inexpressif. Il n'y avait que dans ses moments là qu'il se tuait à la complimenter. Qu'il comprenait ce qui faisait d'eux ce qu'ils étaient. Des sentiments sincères si peu de fois, et tellement moins que ce qu'elle vivait pour lui.


Alors son regard s'était perdu dans le brun du sien avant de s'enfermer dans la noirceur de son cœur – quelques secondes à peine. Tout n'était qu'éphémère chez lui. Sauvage au possible. C'était à se demander comment Byeol pouvait se regarder dans la glace. « … J'avais simplement espéré dîner tranquillement avec toi. » Ce n'était pas totalement faux, exagéré sinon rien. Ses doigts avaient avec douceur rencontré à nouveau ceux de la femme, laissant sa joue respirer une nouvelle fois. « Hum, c'est peut-être de ma faute mais … Tu me manques. Et j'ai l'impression de passer moins de temps avec toi, sûrement parce que nous ne sommes plus au lycée. » Il ne savait pas lui-même si certains de ses mots reflétaient le fond de ses pensées ou si tout n'était que mascarade servie sur un plateau d'argent. Byeol s'était bercé des nuances mensongères tant de fois qu'il n'arrivait pas à faire la différence, et si un songe de vérité s’immisçait entre eux, il avait été coupable de bien des crimes qu'en a l'éloignement soudain. « Ce soir, je voulais dîner avec ma belle petite amie, seulement toi et moi. »
Les belles paroles.

Elle veut y croire. Elle veut croire en ce tissu de mensonges. Elle aurait aimé être capable de fermer les yeux sur la supercherie. Rien qu'un instant. Cela lui aurait évité bien des tourments. Malheureusement Yeji est trop intelligente et fière pour se laisser berner aussi facilement. Mais par amour pour lui, par amour pour eux, pour tout ce qu'ils ont construit, une fois de plus, elle fait semblant de ne rien voir. « Je comprends... » souffle-t-elle, liant d'un geste éperdu ses doigts aux siens. « Toi aussi, tu me manques, Byeol. Ça me rend malade d'être aussi loin de toi. J'ai besoin de toi. Mais ce soir j'avais besoin de toi et de ma famille. » Yeji espère que ces quelques mots apaiseront les méandres de son âme. Au moins quelque temps. Avant le prochain orage. Mais elle sait pertinemment que cette bourrasque, aussi rapide fut-elle, se reproduira à l'avenir. Désormais tout est si incertain... « Reste. Rentrons ensemble. Ce soir, j'ai besoin de te sentir. Ça fait trop longtemps qu'on est séparé... Ne laissons pas cette dispute nous éloigner. » Le regard humide, perdue entre désir et raison, Yeji s'approche, doucement, encerclant Byeol de ses bras chauds et réconfortants. Elle a besoin de sentir sa chaleur. Elle a besoin de se mêler à son parfum. Elle a besoin d'être aimé. Elle a besoin d'être à ses côtés, tout simplement. « Embrasse-moi. Fais-moi sentir tienne. »

Esquisse d'un croissant imprégné à ses lèvres. Byeol s'épuisait à écoute ce qu'il ne voulait plus entendre, symbole d'une soirée massacré qu'il avait détesté. Plus énervé qu'il ne l'avait été jusqu'ici, peut-être, Yeji n'avait pas été cette consolation espérée un peu plus tôt. Tambour chaotique résonnant au loin. Pourtant conscient de cette bienveillance apporté avec elle, cette volonté de conquérir le monde à eux deux. Il n'était pas aussi indifférent que souhaité, moins cruel que les ombres de son existence. Elle faisait ressortir le meilleur de lui – ou cette partie inconsciente de lui qu'il n'arrivait plus à apprécier, le miroir fissuré. Écorché comme la tasse d'un conte de fées.

Relation bateau au bord de l'eau.

Il avait soupiré, Byeol, levant les yeux au ciel avant de retrouver les iris de sa belle. « Une famille qui te fait souffrir, Yeji. Ça me tue de devoir manger en face de ta … Belle-mère en sachant pertinemment ce qu'elle fait derrière ton dos. » Son regard était soudainement devenu plus sérieux, plus véritable qu'auparavant. Sincère d'inquiétude, sans doute. Il ne pouvait pas rester transparent devant la situation qui avait tant de fois rendu malheureuse sa petite amie, aussi ignoble pouvait-il être à d'autres moments, il y avait certaines douces fois où son cœur régnait en maître autour d'eux. « Je comprends, mais la prochaine fois préviens-moi un peu à l'avance, d'accord ? … J'étais vraiment inquiet à l'idée de dire ou faire quelque chose de travers. » Qui le mettrait autant en danger qu'elle pouvait l'être en conséquence des actes. Une hyperactivité qui le rendait instable au possible. « Excuse-moi de m'être énervé. » avait-il murmuré d'une voix effacée, le nez humant le parfum délicat de la femme d'un sourire apaisé.

Au moins pour quelques secondes.

Le temps d'un instant oublié dans les bras l'un de l'autre.
Ses lèvres avaient à nouveau rencontrer ses jumelles, attiré d'un élan fougueux plus que doucereux, Byeol menait une danse enflammée qu'il se perdait à apprécier plus que de raison. « Ouvre la porte princesse, je t'emmène avec moi. » Et qu'importait si ses colocataires étaient présents ou non … Que le monde les entendent ! Oui, prendre du plaisir dans l'emprunt du moment. Sauvagerie éternelle, et demeure infinie. Ses doigts se détachaient des siens pour entreprendre la route risquée d'une chevelure qu'il s'amusait déjà à mêler de son emprise animal, quand l'autre main épousait parfaitement ses hanches.

Les noisettes brillantes d'un désir sincère.

Sous sa cage thoracique, c’est le chaos. Dans sa tête aussi. Yeji est en proie à de vives émotions qu'elle n'arrive plus à contrôler. Elle lutte. En vain. Et s'abandonne à cet instant de volupté. À son tour, Yeji vient capturer ses lèvres. En quelques secondes, leur baiser langoureux se transforme en une étreinte passionnelle et fougueuse. Leurs langues affamées se caressent, s’enroulent, tournoient en une danse fiévreuse. Leurs corps échauffés s'effleurent, s'étreignent, se pressent vers le chemin des passions. Que d'émotions! Que de complications! Que d'émotions! Que de dangers! C'est un véritable brasier qui naît de leur folle étreinte. Et dans cette délicieuse euphorie, enfin, elle s'épanouit.

« Il faut d’abord que tu me lâches si tu veux que j’ouvre la porte. » soupire-t-elle, taquine, contre ses lèvres. Une subtile atmosphère de provocation, un magnétisme sensuel insidieux, semble soudain s'allumer lorsqu'elle franchit, la première, le seuil de l'entrée. À nouveau, ses yeux appellent les siens, d'un regard bien trop lourd, luisant d'un désir ardent dans la demi-obscurité. Attiré comme un aimant, Byeol la rejoint aussitôt, façonnant d'une main vigoureuse les contours de son être, comme un sculpteur à l’ouvrage, la travaillant sans cesse, de ses doigts, de ses caresses, de ses baisers, de son amour. Yeji sourit, le rose à ses joues. Elle pense à ce qu'il se passera lorsqu'ils entreront dans cette chambre. Quel goût auront ses lèvres ? Sous quel feu vont-ils se consumer ? À quel genre d'amour vont-ils s'user ? Elle chavire. Elle perd déjà pied. Pire! elle s'impatiente, pressant le pas, rongée par l'irrésistible envie de ne faire plus qu'un avec lui. Puis s'arrête, le souffle coupé, devant cette porte, prête à s'abandonner à sa volonté sauvage. « Byeol, nous y sommes. Ne fais surtout pas de bruit. » mumure-t-elle, d'une voix lascive, avant de dévorer cette bouche cramoisie tant convoitée.