- wanker

01 — Ses cris de nouveau-né dans la nurserie ont alerté les infirmières, elles l’ont toutes entourées, le bracelet à son poignet a été arraché, aucun moyen de retrouver sa mère. Il n’a pas fallu longtemps pour comprendre qu’il s’agissait d’un abandon, et rapidement les longs couloirs d’un orphelinat sont devenus sa maison d’accueil. 02 — Cinq ans, un quotidien ancré dans la vie à l’orphelinat avant que l’homme et la femme au visage avenant ne se penchent vers lui. Un couple riche qui ne pouvait pas avoir d’enfant avait finalisé la longue paperasse pour l’adoption. Heon était assez vieux pour avoir conscience qu’ils n’étaient pas ses vrais prénoms, mais pas assez pour l’empêcher de s’attacher à eux comme s’il l’était. Un nouveau prénom à tracer sur les lignes de ses papiers, un nom (enfin) pour en complémenter les syllabes. 03 — Il se souvient de son premier amour, si vif comme s’il ne datait que de ce matin. Le charmant employé du convenience store où il se rendait plusieurs fois par semaine. Le cœur trouble de sentiments qu’il peinait à comprendre. Amis puis amants, il a le battant qui se réchauffe encore à cette pensée. 04 — Et enfin des étrangers, quand la rupture lente et pénible a étreint leur relation. Des brides d’amour qui ne suffisaient plus à les garder ensemble. Pas quand Heon rentrait ivre chaque soir, quand les marques de piqûres se répandaient sur le long de ses bras rendant souvent ses paroles incompréhensible, toute sa présence invivable. Il avait rapidement pris goût aux soirées psychédéliques d’autres gosses de riches, l’envie de prendre part de ce monde lui faisant oublier le plus important. A sa droite, le lit est devenu vide et froid et son téléphone sonne interminablement. 05 — Le visage de ses parents était radieux quand il a reçu cette lettre d’acceptation d’une université en Californie, lui-même en avait eu besoin. Il n’y a passé qu’une seule année avant de revenir au pays natal, le santé de sa mère s’est dégradé, ce n’était pas grave mais il ne se sentait pas resté si loin pour autant. Au fond, Heon savait que ce n’était qu’un prétexte qu’il avait accepté les bras grands ouverts. Il avait besoin de rentrer.