sleepless in ﹎﹎﹎

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elle voit double, dans le ventre s'agitent les enfants miroir, jumeau. une malédiction pour la femme au corps parcelle de terrain vendu le temps d'un soir. cachées par le déni, par le refus, les marques et la rondeur qui a implosé d'un coup, dévoilant le tragique destin
elle voudrait hurler mais seul le silence de la ruelle lui répond. seule.

plus maintenant.

double sceau des dieux qui frappe sans crier gare, bâtards de sang qui ne connaitront sous le toit de tuiles pas de visions d'une vraie famille.

et elle attends, le prochain cris, le prochain coup de l'employeur, assise bien droite sur la petite chaise de bois usée c'est le regard qui fait face à la menace alors que les mains se protègent de la douleur. Puis le glas tombe.

garde les …
j'en ai plus rien à faire …
c'est trop tard maintenant …

et sous les yeux tirés
cavalent en myriade les vagues du désespoir.

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sous les néons fatigués de l'hôpital il n'y a plus que ses propres cris qui éraflent ses tympans. depuis des heures elle a mal et elle sait que rien ne sera pareil quand elle les aura arrachés de son corps une dernière fois.

par ce qu'ils seront là, fruits de ses plus terribles cauchemars.

le cri résonne tandis qu'un autre l'accompagne, c'est une chorale de trois qui s'élève.

elle est épuisée, elle veut partir loin, ne plus subir cette réalité qui est la sienne. alors quand on lui porte les enfants elle ne s'attend pas à ce sentiment.

elle qui n'a jamais cru à ces boniment de femmes, que l'amour d'une mère, lien indivisible se créait quand on posait le premier regard sur l'enfant chéri. elle en avait tant ri à ces contes illusoires.

alors pourquoi diable
sous le poids de corps si fragile son coeur battait à tout rompre
pourquoi ?
bordel …

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avec le temps il a appris à différencier les cris et les murmures. bruits sourds qui remplacent la quiétude du petit appartement et il ne peut hurler pour couvrir les sons. c'est l'évasion qu'il met en place pour eux deux. adam il est devenu très fort pour ça, sous les couvertures du lit c'est un château qu'il décrit pour les yeux tendres d'ève et la voir rire c'est sa récompense a lui.
rien que lui et elle, jusqu'à la fin des temps
enfants terribles

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maman les aimes, il le sait même si le mot n'a jamais franchi le palier de ses lèvres. les gestes lui suffisent.

quand l'effluve de l'alcool devient trop sourd pour sa carcasse et qu'il doit la traîner dans le lit accompagné d'ève. que les rires mêlés de hoquet sont les seuls mots qu'elle puisse leur fournir.

et qu'une fois enfouie sous les draps sous les larmes de honte découlent les gestes de tendresse.

maman les aime, de sa façon étrange et tordue. il le sait.


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jusque là tout va bien
jusque là tout va bien

l'accident était venu si vite, que même dans le tréfonds des ombres tout se passe dans un instant de quelques secondes.

grains de sables que la vie décide pour enrayer la sienne.

ève.

la chute était prévisible, l'escalier du miteux établissement semblait pouvoir se déliter à chaque pas, à la plus petite éraflure.

et c'est sur la divine enfant que le plancher à décider de céder.
envolée dans les lointains escaliers.
de la fraction de seconde plus rien ne reste dans les souvenirs d'adam.
si ce n'est le bruit sourd

car l'important ce n'est pas la chute
c'est l'atterrissage.

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vestiges, il grandit avec la mémoire du sourire, des rires. du temps où il pouvait encore prétendre que tout allait bien, que sous la protection illusoire des draps il était magicien de son propre destin.

sauf que sans elle il avance parmi les âges comme à tâtons dans le vide.
et à force de voir son propre néant il en a le vertige.

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c'est dommage qu'on lui murmure, une main placée sur l'épaule comme le couperet d'une guillotine.

t'est intelligent adam.
t'aurais pu avoir un avenir brillant adam.

alors pourquoi t'est venu tout briser avec tes foutus poings adam.

rage, colère de ceux qui méprisent tout.
qui sous la menace du gouffre parviennent à faire craquer le moindre de ses résistances.

et quand les mots crachés comme autant de salves de venin ne parviennent plus à faire taire, c'est le silence qui se cherche à coups de mâchoire brisées.

à l'aube des quinze ans, c'est les cours qu'on lui ferme, l'avenir stable que maman lui voyait, ce qu'ève aurait voulu qu'il ait.

c'est la porte qui se claque, les insultes qui se prononcent et l'envie d'arracher le moindre mur en travers de sa course. maman elle comprends pas, depuis la chute elle comprends plus. et la colère gronde dans les veine d'adam, pernicieuse, alors s'il part c'est peut être aussi pour la protéger.

adam parmi la nuit avancée
il se mêle aux âmes égarées