cotton candy crush - huan yue

huang xiao lu ≈ bai huan yue

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La fin d’année scolaire arrive et avec elle son lot d’examens. Février commence et il ne sait plus trop où donner de la tête. Passe plus de temps son nez dans ses manuels. Xiao Lu pourtant pas mauvais élève. Juste un peu débordé par la situation actuelle. L’impression d’être un peu plus seul que d’habitude. Ses parents n’ont pas pu venir pour le nouvel an lunaire, et au téléphone il a juste hoché la tête. Oui il comprenait. Le gala de charité de son père, les missions humanitaires de sa mère. Il comprenait. Puis il n’était pas seul, il avait Zhifeng. Mais il n’avait pu eu le courage de dire qu’il ne voyait plus tellement son meilleur ami. Xiao Lu ayant pris sur lui pour s’éloigner. Pour ne pas s’imposer, ne pas déranger. Alors il trouvait des excuses. Ses entrainements sur la glace, supposition de commencer en professionnel cette année peut-être, non, ses révisions qu’il faisait dans le café du quartier sapphire. Café Némésis, où il est encore. Les soirées recommencent à s’allonger, et il se perd dans ses feuilles, esprit qu’il tente d’apaiser dans son algèbre. Pas jaloux pour autant. Non, Xiao Lu n’est pas comme ça. Il a juste l’impression de déranger. De ne pas être aussi important qu’il le croyait. Il a juste l’impression de ne pas coller dans la vie de Zhifeng actuellement. Donc c’est plus simple de se concentrer sur ses études. Non pas comme s’il n’en avait pas l’habitude. Il marque une pause pourtant, ses cahiers repoussés tandis qu’il va faire une nouvelle commande au comptoir, caramel macchiato entre ses mains, le chemin vers la table avec du rose aux joues parce que le serveur lui a fait un sourire et lui a offert sa boisson. Il en faut peu pour attirer l’attention de Lu, le cœur papillonnant, un rien l’attire. « Yuuuuu. » Syllabe allongée à l’entrée du plus âgé dans le café, il ne peut s’empêcher de geindre un peu Lu, la fatigue qui gagne sur lui. Mains tendues, c’est lui qui lui avait demandé de venir, il espère une étreinte. « The waiter said I was cute. » Mandarin. Une vieille habitude qu’il n’arrive pas à perdre. Surtout quand il sait que son interlocuteur le comprendra. Mandarin, parce qu’au final le coréen bloque toujours entre ses lèvres. Il en a parlé une fois à sa mère, elle a parlé de blocage émotionnel, lui proposant l’adresse d’un docteur. Il a balayé ça d’un sourire Lu, affirmant que ça ne devait être qu’un caprice d’enfant. Parce qu’aux yeux de tous, ce n’est qu’un enfant.

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Livres empaquetés dans ton sac à dos, invitation acceptée à utiliser tes jambes jusqu’à un point de rendez-vous situé dans un café. Endroit connu, rarement fréquenté par ta personne en raison du mouvement constant de clients qui sont de passage et suffisent à te déconcentrer ou remettre en question l’histoire que tu peux dégager. Solitude appréciée dans le confort de l’intimité seulement, solitude évitée lorsque vient le temps de vivre parmi la population. Image sans importance pour autrui, que pour toi qui pose un trop grand éclat aux détails inutiles. Peur du regard qui ne s’attarde même pas, pression sur les épaules qui ne sert à rien et qui te condamne à préférer étudier dans le confort du logis partagé. La seule raison te poussant à avoir accepté étant la personne de l’autre côté du message, plus jeune et pourtant apprécié malgré tout. Deux univers étrangement différents, rythme de vie que l’on croit similaire en raison des études, mais qui divergent grandement en raison des niveaux académiques. Les cours universitaires contre le lycée, ses leçons déjà apprises et assimilées quelque part dans le fond de ta tête, écrasées pour faire plus d’espace aux nouvelles connaissances. À peine entrée, le surnom lancé pour attirer l’attention qui ne rate pas la moue fatiguée du cadet qui aurait surtout besoin de dormir quelques heures plutôt que de se miner la santé avec tout ce stress qui ne sert à rien. Il y a des mains tendues dans ta direction dans un geste enfantin allant de paire avec ses traits qui ne peuvent mentir sur son âge, mais tu évites de lui donner ce qu’il cherche quand tu entends l’emploi de la mauvaise langue. « He isn’t wrong. » Occasion rare, mots de la terre natale utilisés pour lui répondre alors que tu te fais généralement plaisir de faire comme si tu n’avais pas compris ou allant parfois jusqu’à lui répondre en français. « Still feeling lonely at home ? » Coréen de retour, obligé, forcé, pour mieux l’habituer à prendre sa place dans cette ville qui n’est pourtant pas sienne tout autant qu’elle ne l’est pas pour toi. Tu gagnes sa table, sac posé sur la surface avant de réclamer deux minutes pour aller te procurer un café tout ce qu’il y a des plus ordinaires. Pause courte, retour rapide pour gagner la chaise tout juste à sa gauche malgré le fait que ce ne soit pas l’utilisation la plus ergonomique de la surface pour étudier. « So, outside being called cute by some random strangers, anything new since like… last week ? »

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Nom allongé entre ses lippes dans un tendre sourire, et les mains tendues. Bien loin du rôle qu’il tente de jouer Xiao Lu. Bien loin de ces mensonges, de ces dix-neuf ans qu’il clame aux inconnus. Bien loin de tout ça. La fatigue pèse. Un peu trop. Même sur sa langue, elle a un goût étrange, le fait geindre un peu. Mandarin qui glisse d’entre ses lèvres comme une évidence. Mains tendues mais une moue boudeuse qui s’affiche sur son visage de poupon. Bras qui glissent le long de son corps à voir l’attention quémandée, refusée. Trahison dans une langue qu’il peine à comprendre, qu’il se refuse un peu. Les mots pourtant qu’il se force à décortiquer Xiao Lu. Il sait. Qu’il doit faire des efforts. Il sait. Ça va faire deux ans qu’il est à Séoul, il ne devrait plus avoir ce genre de blocage. « Yeah … Feng is with his … boy … man … boyfriend. My parents still away … It’s boring. » Coréen bancal, il sait qu’il doit décevoir. Mais particulièrement quand la fatigue se fait présente, quand il a juste envie de se caser contre quelqu’un et de fermer les yeux, la langue maternelle reprend le dessus, le laissant avec trop d’hésitation derrière ses sourires solaires. À défaut de l’étreinte qui lui a été refusé, c’est avec un ravissement non feint qu’il le voit s’asseoir à ses côtés et non en face. Mouvements précipités pour faire plus de place sur la table. Et timidement, une de ses mains qui vient s’accrocher au haut du plus âgé, demande presque implicite d’avoir cette étreinte qu’il désire tant. « Nothing … my mother called. Said I have to do well for my exams … So I can good … go to … university. » C’est dans deux ans, pression légère qu’on lui impose pourtant à Xiao Lu. Enfant prodige aux résultats brillants, on n’attend de lui que le meilleur. Et il l’a entendu son père à l’arrière, la voix rempli de déception en apprenant qu’il avait toujours ce blocage en coréen. Promesses qui se sont échappées dans un automatisme, les mains sur son portable, de faire mieux. « Mother … asked. To give me more. Classes ? Said if you’re not busy. You could. » Il fait des efforts Lu. Force le coréen à passer ses lèvres alors que les mots sonnent étranges, étrangers, dans sa bouche. Il fait des efforts Lu, pour ne pas décevoir. Ses parents bien sûr, mais Huan Yue aussi. Garçon tuteur. Mais aussi un peu confident. Il est facile de parler avec lui, l’impression qu’il ne le jugera pas. L’impression qu’il ne s’arrête pas, jamais, à son âge, jeunesse qu’il exècre. « What university you attend ? »

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Remontrance légère, une langue qui devrait déjà être apprise, presque maîtrisée sur le bout des doigts depuis le temps qu’il traîne dans la ville. Témérité de ne pas céder devant sa moue et ses traits fatigués qui hurlent l’attention trop accablée par les examens, par le besoin de repos bien mérité loin d’encre imprimée noire sur blanc à laquelle s’ajoute les esquisses de pattes de mouche d’une écriture qui rajoute les détails importants au général. Contournement volontaire des études, questions lancées pour donner une raison de pas se pencher le nez trop vite dans les lectures endormantes. Les efforts se déploient de son côté, sourire fier qui orne doucement tes lèvres d’un air ravi même si le parlé se présente un peu boiteux bien que compréhensible. « I see. Must be calm. At least you can take great naps. » Positif face à sa situation, connaissance des tendances du plus jeune jusqu’à une certaine limite. Banquette partagée, la proximité qui s’utilise par Xiaolu pour obtenir prise sur ton haut, poursuivant ses réclamations d’attention d’un peu plus tôt à laquelle tu ne prêtes que peu de considération si ce n’est que de ne pas le repousser. Interrogation sur son quotidien de la dernière semaine, mention de la mère du cadet qui s’étire sur deux informations, la seconde te concernant et tu n’as rien contre la requête lancée à travers le fils. « Yeah sure. I should have some spare time with the break. Just text me whenever you can and, if I can, we’ll meet up for more Korean lessons. » Marché qui date entre parents, entente qui ne saurait te déranger puisque tu apprécies le plus jeune malgré sa mauvaise tendance à ne pas vouloir accepter de s’acclimater d’une nouvelle langue. Entêtement inutile, un peu puéril. Ces manies qui remettent aisément en mémoire son manque de maturité sans pour autant que tu ne le juges sur ces points ayant leur raison d’être à cette étape de sa vie. Tu ne prêches pas valoir mieux qu’autrui, conscient du parcours à travers lequel chacun doit mener sa route. « I go to Seoul University, but you still have plenty of time to think about your path. » Nouveau goût du café testé, celui-ci toujours aussi amer qui reste dansant sur la langue pendant quelques secondes avant de s’estomper. « Do you even have any idea what you want to do ? »

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Moue boudeuse à l’idée de parler coréen. Le blocage qu’il force à céder comme un mauvais barrage. Mais les mots pèsent lourds sur sa langue. Trop. Xiao Lu qui ne peut bouder longtemps. Sourire solaire lorsqu’on lui donne l’attention tant demandée. Pourtant l’adolescent qui a la décence de rougir lorsque que son aîné lui parle de ses siestes affectionnées, vitales comme il se plait à le dire lorsqu’il a quelqu’un à ses côtés et qu’il l’accapare le temps de se reposer. « I’m not a child. » Geignement plaintif, lui qui tente tellement de faire plus grand, plus âgé, n’appréciant pas qu’on l’infantilise. Doigts qui se serrent sur le haut, l’espoir qui s’étiole d’avoir l’étreinte demandée, suggérée. Sans doute que c’est trop enfantin. Sans doute. Et c’est délicatement que sa main se délie, retombe posée sur ses genoux tandis qu’il parle de sa mère, de ses demandes, tandis qu’il essaye de masquer la tristesse d’avoir déçu son père, et l’espoir que des bonnes notes aux examens de fins d’année lui assureront de ne pas descendre dans son estime. « Thank you for putting up with me. » Phrase toute faite. De celles qu’il a apprise par cœur. Parce qu’il est un garçon bien élevé Lu. Un peu plus et voilà que sa tête penche un peu dans l’esquisse d’une inclination. Question sur l’université. Avenir flou. Il ne sait pas quoi faire Xiao Lu. Possibilité sportive qu’il refoule dans un coin de son esprit, le cœur serré à l’idée de transformer une passion en obligation. Possibilité de suivre le chemin de son père sans trouver quelconque intérêt d’un business dont il ignore. Flou artistique qui lui fait secouer la tête à la question. « No ? Not really … My father would … me to take … over me ... him ? » Les formules sont bancales, mauvaises, et il n’offre qu’un sourire contrit en cadeau. « I’m usually good at school. But Korean … makes me … less better than i’m … And you ? Yu- gēgē ? What … you wanna do ? »

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Manifeste plaintif à l’encontre de la réalité, mince sourire qui ne peut être retenu devant la contradiction que Xiaolu effectue entre paroles et comportement. « You sound like one, right now. » Il n’y a rien de foncièrement mauvais dans l’affirmation malgré ce que le cadet semble percevoir dans l’insulte qu’est son jeune âge. Il a tout son temps pour vieillir, pour apprécier la jeunesse pendant qu’elle frappe encore à sa porte. Le temps passe plus vite qu’il en donne trop souvent l’impression, des conseils plus ou moins sages que tu conserves toutefois pour toi-même dans le plus grand des silences. Le remerciement fait rire, phrase dictée qui laisse faussement croire que chaque minute passée en sa compagnie est un acte de grande générosité bénévole. « You make it sound like you’re terrible to deal with. » Et il y a un geste affectueux qui se détache de ta part, doigts qui viennent passer dans ses cheveux pour y faire un ravage affectueux. « I wouldn’t accept if I didn’t like spending time with you. » La main retourne vers le café, puisant l’énergie nécessaire pour traverser la soirée dans le breuvage brûlant. L’évidence se voit dans son attention qui s’évade vers la réflexion, encore trop tôt pour savoir ce qu’il désire faire et ça te rappel quelques années auparavant quand tu en étais encore à sa place. Rien d’anormal dans le fait d’être perdu, inutilité de vouloir presser le pas avant d’être prêt. Tu décortiques ce qu’il communique à travers des bouts de coréen. « I guess that’s not something you want ? » Impression qui se dégage du ton, de la façon dont il exprime les attentes paternelles et tu es bien content de ne pas avoir ce genre de pression sur les épaules. « This means you can only get better. » Optimisme un peu forcé pour l’inciter de façon détournée à ne pas baisser les bras, à laisser tomber ce qui le retient de s’améliorer dans cette seconde langue. « Me ? I want to be a veterinarian and that’s the only reason I get like three hours of sleep per night sometimes. » Un rire accompagne l’aveux qui a un côté pénible pour quelqu’un qui aimerait parfois atteindre les huit heures de sommeil attendu, mais tu as connu des conditions de vie plus terribles en ce qui concerne les études.  

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Enfant, on le compare souvent un enfant. Trop. Chaque point est bon pour lui rappeler sa jeunesse. Et Xiao Lu est le premier à s’en défendre. Dix-sept ans depuis quelque mois, il aimerait encore et toujours qu’on le voie comme quelqu’un d’adulte. Mais les geignements et remarques puériles entre ses lèvres le trahissent, gestes infantiles qui rappellent son âge mieux que ses traits juvéniles encore. Moue boudeuse à la remarque. Moue boudeuse au coréen, il a ces allures d’enfant gâté sans véritablement en être un. Peu habitué à faire des caprices. Enfant modèle dans un sens, mais qui a toujours eu cette impression de déranger. Avec ses parents trop souvent absents, des excuses plein les poches, et lui habitué à ne rien dire, à ne pas réclamer la présence parentale. Alors sans surprise, modèle de phrase appris par cœur. Il s’excuse de déranger. Remercie qu’on prenne le temps pour lui. Et hausse simplement des épaules à la remarque, yeux qui se ferment instinctivement tel un chat quand des doigts viennent passer dans sa chevelure pour la désordonner sans qu’il ne s’en plaigne. Si la fatigue ne pesait pas, il aurait été le premier à râler, à refuser cette main cajolante. Xiao Lu normalement si peu féru des attentions tactiles des autres. Parce que pas habitué. Mais lors que l’esprit se relâche sous l’épuisement, le masque tombe, et le voilà à désirer toute marque d’affection. Sourire qui reste sur ses lèvres, cheveux en bataille qu’il ne recoiffe pas tandis qu’il parle d’un avenir. Flou. Aucune idée de ce qu’il veut faire, l’évidence que son paternel voit le monde pour lui. Mais monde du travail qu’il ne connaît pas, encore considéré trop jeune pour savoir ce que fait réellement son père. « I don’t know ? I just … understand … that he boss is of the company. » Grimace quant au coréen, la tâche parfois trop dure, il se rend compte qu’il devrait le parler à la perfection Lu. Il ne le sait que trop bien. Et même Zhifeng s’en sors mieux que lui alors qu’au final Lu avait commencé à apprendre la langue en Chine, mais le blocage reste là, et lui même l’entretient en refusant au final inconsciemment de s’appliquer plus que nécessaire. « Vet’? Oh! You will be able … to care take? Take care? Of Milk Tea. My baby cat! But … If you don’t sleep enough. No. Maybe not. If you can’t sleep. Nap. Nap is the key. » Les mots qui se bousculent, sourire lumineux, et l’impression qu’il peut révolutionner le monde. Trouver des solutions à Huan Yue aussi, sans concevoir de l’innocence de ses suggestions.

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Sa fatigue encore plus évidente quand il ne ronchonne pas à la marque affective, qu’il s’en laisse bercer sans la moindre remarque qui traverse ses lèvres et tu te demandes ce qu’il fait ici quand il aurait pu choisir une sieste. Tout ça pour causer d’un avenir encore loin dans son horizon, plan de vie auquel il n’a pas besoin de trop réfléchir pour l’instant. De ceux qui croient que chaque chose à son temps, qu’il est inutile de presser les décisions qui ne sont pas cruciales. Il n’est pas question de vie ou de mort attendant son verdict, ayant encore bien des mois et des années pour pencher son choix. « I guess it means you’ll have to go back there? This explains why you’re so not fond of learning Korean. » Hypothèse peut-être fausse, tu ne sais pas, loin d’être expert dans la psychologie ou même de ce qui se trame tout simplement entre les deux oreilles du plus jeune. Tu parles donc un peu de toi, de tes journées plus longues que ce qu’elles devraient être simplement pour plancher sur les ambitions, pour obtenir quelque chose au bout de ligne, pour ne plus être qu’un nom de plus sur la liste des gens sans avenir. « Milk tea? » Le nom du chat cité suffit à te faire rire, amusé par le choix qui n’en reste pas moins adorable et donne un aperçu sur la clientèle dont tu auras un jour à t’occuper. « Cute. » Xiaolu il a la solution pour tout, clamant l’utilité des instants de repos rapide que tu ne peux que rarement t’offrir. Une dizaine de minutes dans les jours les plus chanceux, au moins cette dure réalité ne te plonge dessus que dans les périodes d’examens, ce qui limite les dégâts qui se récupèrent encore vite à ton âge. « I will survive. As you get older, you need less sleep. » Livres oubliés, l’esprit écarte la possibilité d’accomplir la moindre révision alors que tu avales une nouvelle gorgée du liquide caféiné. « Makes me think of it, you never showed me your kitten. I only heard about it, like, once. I have to know what my future patient looks like. »

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Il aurait pu rester chez lui. Appartement trop vide. Zhifeng aux abonnés absents, plus encore quand il lui avait annoncé son départ en vacances. Sourire tendre à son départ, son chat dans ses bras, à le laisser partir, avant que les étoiles dans ses yeux se fanent, que les coins de ses lippes qui retombent et que la solitude gagne. Sentiment dévorant. Pourtant habitué. Mais parfois un peu trop. Alors il s’est installé dans le café, juste pour avoir du bruit. Des gens, pour se sentir un peu moins seul. Nez dans ses cahiers. Des pauses pour aller patiner. Études qui prennent son temps, besoin d’être brillant, sans doute pour exister un peu plus aux yeux de ses parents. Mais avenir flou. Rien qui ne le pousse à se dépasser. Rien qui ne le pousse à s’investir plus qu’il ne le faut. « I don’t know? Not sure there is something … for me, over in China. » Dernière année de lycée qui se profile, dernière année supposée en Corée du Sud. Échange scolaire qui prendra fin sauf s’il intègre une université dans le pays. Pas un sujet qui le passionne, cet absence de futur qui se fait plus angoissante qu’elle ne le devrait. Et Xiao Lu qui préfère poser des questions sur Huan Yue, curiosité tendre, de vouloir en savoir plus sur lui. Barrières qu’il se plait à effacer où le plus âgé n’est qu’un tuteur comme un autre. Il apprécie sa présence, se plait à le considérer comme un ami. Se plait aussi à avoir son attention, son affection. « Milk tea yes, she’s a beautiful lady. Very well teached. » Chat qu’il a adopté avec Zhifeng, caprice aux yeux de ses parents sans doute qui ont accepté comme toujours, les demandes de l’enfant rares pour oser y refuser. « Mother said i’m a cat, cause I sleep too much. Not sure if older i will, would, sleep less. » Remarque sur son chat, et le lycéen a déjà son téléphone de sorti, de nombreuses photos et vidéos de son chat prêtes à être montrées. « She’s a minuet, she’s short. But so cute. » Chat aux allures de peluche montré, c’est en toute simplicité qu’il se rapproche de Yu, dans le but évident qu’il puisse mieux voir. Et sans doute aussi afin d’avoir plus d’attention, sans doute. « Do you have a cat too ? A dog maybe? »

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Regard fixé pendant un moment, compréhensibilité trop grande quant à cette réalité de se dire que rien n’attend le retour dans le pays d’origine. Terre natale abandonnée, troquée pour un monde meilleur bien que compliqué puisque tu ne crois pas que des gens dans ton cas pullulent par millier à travers la planète. Attache inexistante, parents qui pourraient annoncer du jour au lendemain leur désire de revenir au berceau canadien que tu suivrais probablement sans hésiter. « Then, it’s up to you to eventually pick where you want to go and what you want to do. » Pointe d’optimisme, encouragement de bonne fortune dans le but premier de faire comprendre qu’il y a du temps devant lui. La conversation voudrait tourner vers toi, mais tu l’esquives vers le premier hameçon de sauvetage que tu déniches, celui-ci arborant les traits d’un jeune félin. Action réussie, attention dérivée en un instant pour te retrouver noyé sous l’aspect adorable de la boule de poils appartenant à Xiaolu. « She’s freaking cute, I admit it. » Il se rapproche le petit, et tu es suffisamment concentré sur l’appareil pour laisser les réflexes agir et le bras se lever pour lui permettre une meilleure proximité. Appui pris sur son épaule opposée, confort soudainement étrange, mais tu ne veux pas le retirer dans la seconde de peur qu’il interprète mal le geste. Tu profites de la question pour t’en tirer, pour noyer la notion de gêne qui te hante. « No, sadly. I’m waiting to have my own place and maybe I’ll get… I don’t know. A dog, maybe. Or something wilder like a lizard or something. Snakes are cool too. » Peu difficile, tu affectionnes la majorité des animaux qui peuvent accompagner le quotidien sans trop y réfléchir pour l’instant. « Welcome to parenthood. Every pet owners call them their babies. » Aucune exception, vérité absolue irréfutable qui ne connait pas d’exceptions en dehors des êtres horribles qui ne savent pas faire la différence entre décoration et vie animale.

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Lorsqu’il parle de la Chine Xiao Lu c’est avec un pincement au cœur. Pas vraiment d’attache. Pas d’attache nulle part quand on y pense. Rien qui ne le retient là-bas, si ce n’est son origine, sa langue, ses papiers. Rien de sentimental, d’important. Comme un jeune arbre aux racines peu profondes. Mais déjà trop fragile pour voir un quelconque futur. Coincé dans un entre-deux un peu bancal. Ce n’est pas très grave. Il lui reste encore un an. Il trouvera comme le dit Yu, c’est plus facile de penser comme ça. Il sait aussi qu’avoir des bons résultats l’aidera. C’est ce que lui répète ses parents encore et encore. Et ça pourrait le miner tout ça. Avec la fatigue ça pèse plus dans son esprit qu’il ne le voudrait, mais voilà qu’on parle de son chat et les étoiles reviennent dans les yeux de Xiao Lu. Portable dédaigné en parlant de sa princesse et bien vite il est calé contre Yu pour mieux lui montrer son téléphone où il fait défiler photos et vidéos du félin. Sourire ravi aussi en sentant le bras du plus âgé sur ses épaules. Demande inconsciente d’attention acceptée et c’est tout ce qu’il lui faut à Xiao Lu pour sortir de ces nuages sombres qui peuplaient son esprit. « Isn’t she ?!! She’s still a baby but … so smart. » Sourire fière comme d’un père parlant de sa petite dernière, il pose néanmoins la question à son tuteur. Curiosité toujours présente, se demandant vu son métier s’il n’avait pas une animalerie chez lui. « Wow ? Lizard ? Iguana are so cool ! But mom said he would be … sad ? sad in appartment. Even if it big. Snakes are cool … But need place too ? No ? » Rire à sa remarque quand au fait qu’il vient de rentrer dans la parentalité avec son chat, et naturellement Xiao Lu pose sa tête contre le bras de Huan Yue se casant un peu mieux dans l’étreinte de fortune. « She … makes me feel … less ? Less alone. But’s okay. I’m inde … independant. I can … do ? Deal ? With that. »

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Son expression change entièrement, bonheur soudain et puissant à la simple mention de la boule de poils dans sa vie. Rien de plus attrayant que de voir autrui se fondre en joie dans ce qui le passionne, sourire qui ne peut se retenir de frayer un chemin sur ton visage fatigué, raison de plus pour s’imposer dans une proximité expliquée par sa nécessité à te noyer visuellement. Le retour de question suscite une réponse que certains trouveraient étrange venant de quelqu’un clamant adorer les animaux. Aucune bête n’agrémente tes journées, le temps manquant pour que tu juges pouvoir en déléguer suffisamment à un animal dépendant uniquement de toi. Tu préfères attendre, voir ce que le futur fera de toi, te poser sur une routine un tant soit plus stable que ce que tu vis en ce moment. Ta vie ne sera pas toujours un vague résumé de manque de sommeil par obligations multiples sur le plan financier et scolaire. Au moins, en attendant, cela te donne une bonne raison pour forcer Xiaolu à utiliser un coréen qu’il ne maitrise pas encore. « As long as you give them enough space and places to hide, they can be happy. But I don’t know. Everything is either cute or cool. » Il y a des exceptions, des spécimens que tu apprécies nettement moins, mais ton dégoût doit savoir être conservé pour toi au même titre que les médecins doivent taire leurs préjugés. Tu corriges ses erreurs verbales à la hâte, joignant l’utile à l’agréable avant de reprendre la conversation là où tu l’as laissée avec sa tête qui s’appuie sur ton bras dans une évidence que le moindre plan de le retirer subtilement est mort. « That’s usually the main reason why we get pets. They bring life in a household. » Personnellement, l’ennui n’a pas le temps de te rattraper, trop occupé pour le laisser s’abattre sur tes épaules. « You often feel lonely? » Inquiétude certaine quant à la santé mentale de ton jeune ami, tu optes pour t’assurer que tu n’as pas à te faire des peurs culpabilisantes inutiles.

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Cours oubliés, l’avenir également Xiao Lu se contente de l’instant présent. Veut simplement profiter de la présence du plus âgé à ses côtés. Son seul point noir pourrait être le coréen entre ses lèvres, les phrases hésitantes, les erreurs nombreuses, mais il se plie à l’exercice sans trop rechigner. Il a même fait un effort le lycéen, pas une seule fois il n’a encore basculé sur du mandarin. Non il se cantonne à la langue imposée, son élocution portant les traces de sa précipitation un peu enfantine. Se calant un peu mieux contre Huan Yue, il laisse retomber son téléphone sur la table pour écouter avec attention le futur vétérinaire. Si l’envie d’avoir un reptile l’avait tenté de nombreuses fois, il n’y avait pas cédé. D’abord à cause de l’opinion parentale, mais surtout parce qu’il craignait que l’animal soit malheureux. Au final avoir Milk Tea avec Zhifeng était amplement suffisant. La petite boule de poil les comblant de joie. Remarque par ailleurs échappée à la suite. Chaton qui remplit ses moments de solitude. Lu qui n’en parle pas souvent. N’émet que peu l’envie de voir les autres, qu’on s’occupe de lui. Lu qui donne, donne aux autres. Et qui ne voit pas le problème. Habitué à quelque chose qui ne devrait pas être constant. La solitude usuelle dans sa vie. « I’m … used to ? I go to school, then home. When i’m feeling caged ? I go to the ice ring or i skate outside. It’s okay. » Sourire simple, il ne sait pas si ce qu’il dit est rassurant. Lu sait juste qu’à ses yeux il n’y a rien d’alarmant. Il s’occupe. Souvent seul mais il s’occupe. Pas comme s’il était en droit de faire des caprices pour que Zhifeng reste avec lui, il avait sa vie également. Et un haussement d’épaule en guise de finalité. Xiao Lu qui finit par fermer les yeux aussi. L’étreinte même si non voulue, rassurante, et la fatigue qui le rattrape. « Just … Five minutes okay ? » Mandarin qui finalement passe ses lèvres en quelque chose de nasillard, proche du geignement. Les cinq minutes qui lui laisse le temps de s’endormir. Tension inconnue qui retombe à la simple idée d’avoir quelqu’un à ses côtés.