stealth feat. aël et siyeon

Ambiance pesante dans la salle. La toux hivernale pour seul bruitage de fond quand le marteau n'appuyait pas sur le socle de bois. Quand le procureur ne se levait pas pour énoncer des faits, donner l'avis de son client ou le sien quand besoin était. Quand la victime se sentait agressée par l'accusé et son regard de braise. Et au milieu du fracas, le public obnubiler par la scène, le débat qui ne présentait pas la moindre once de pitié dans la voix ou le ton employé. Si Yeon contemplait, semblable à l'élève-modèle ou le grand rêveur qu'il était ; ombre malgré lui de son père, et l'espoir tout de même d'être différent. Sortir du lot ou s'y noyer. Il savait que rien n'allait être plus difficile que de sortir de cette réputation toute forgée, à la fac de droit déjà. Mais il allait tenir le coup, le tenait déjà et n'était pas seul. Oh, non ! Hea, et tous les autres. Les hauts et les bas. Il était là.

Alors il prenait de nombreuses notes Si Yeon, ne ratait pas la moindre miette de cette enquête. Crime passionnel qui avait échoué de justesse ; femme jalouse d'un mari et son amante, le coup fatal qui n'avait pas eu l'impacte souhaité. L'histoire clichée mais différente à chaque fois. Et il avait le sourire aux lèvres Si Yeon, l'amour de la justice qui semblait couler entre ses veines depuis toujours. Une soif de connaissances immense, ce monde gigantesque dont il ne connaissait que peu de choses finalement. Dernière année et pourtant … Ce n'était rien comparé à cette carrière qui l'attendait. Blanc ou noir. Maître de son destin, de ses choix. L'avenir tout tracé bien qu'à prouver.

La lumière dans la salle s’éteignait déjà quand il avait terminé d'écrire une dernière ligne. Audience reportée à plus tard, affaire toujours en cours malgré la banalité des choses. D'autres preuves manquaient à l'appel et la peine pouvait autant s’alourdir que s'apaiser. Précautions bien rares dans certains cas où l'évidence marquait les faits. Et la faute qui venait parfois, d'autres fois jamais. Dure justice.

Si Yeon avait finalement dirigé le pas lourd en direction du Strarbucks. Une habitude qu'il avait rencontrée quelques mois plus tôt quand il avait commencé à se rendre dans des procès rendus publics. Américano dans la main et il scrutait la salle pour trouver une place. Ce même regard observateur qu'il sortait souvent ces derniers temps. Aspect qu'il se découvrait. Prunelles enchanteresses qui venaient à la rencontre d'un physique qu'il ne voyait pas pour la première fois. Un flic qui faisait souvent office de témoin dans les enquêtes qu'il suivait de près. Petit sourire naquit sur le visage, et il s'approchait.

Il s'approchait bien qu'hésitant,
Envie forte de reculer.

« Bonjour, est-ce que je peux m’asseoir ? » Et c'était ridicule quand autour d'eux les places vides marquaient leurs territoires. Mais il était aussi courageux que peureux Si Yeon, alors sans même attendre une réponse il avait posé sa boisson sur la table. « Je vous ai vue au procès tout à l'heure. » Comme s'il pouvait expliquer sa présence ici. Est-ce que l'homme attendait quelqu'un ? Ou plutôt est-ce que Si Yeon ne s'en moquait pas un peu, au fond ? Il était là, devant lui et des milliers de questions lui venaient en tête. Toutes relevants de sa passion … Ou du regard perçant qui animait les pupilles de l'autre. L'allure envoûtante qui l'avait marqué la première fois qu'il l'avait croisé au tribunal. Alors il ne pouvait pas simplement faire marche arrière Si Yeon. C'était même hors de question. ( @byun aël )

bien des semaines que cette histoire, ce drame se chantait dans grandes salles. bien des semaines qu'il s'y rendait, le cœur lourd, aël. crime passionnel en cause, crime qu'il manigance lui même, ou presque. mêlé à une certaine vengeance folle. il peine à prendre partie des dites victimes. il viendrait presque à comprendre le pourquoi du comment, l'épouse avait agit ainsi et pourtant, il était de son devoir de l'accabler, la faire sombrer car c'était elle qui avait été derrière l'arme, et non devant. elle qui avait tiré, tenté de tuer, mais échoué. preuve ainsi qu'elle n'était qu'une piètre amatrice, ce qui parfois, fit sourire aël, lui dans silence et une discrétion quasi-parfaite, chantait son plan lors des premières lueurs de lune.

alors chaque semaine, il vient à témoigner. chaque semaine, il dépose les preuves, les témoignages sur le bureau d'un juge pour classer cette affaire pourtant si simple vu d'un extérieur, mais bel et bien plus complexe une fois le nez dedans. élan de frustration. élan d'impatience. procès qui ne faisait que jouer avec ses nerfs alors qu'on lui imposait sa présence entre ces lieux. mais au fond, bien au fond, il appréciait cette adrénaline qui naissait entre chaque séance. aimait ce sentiment de pouvoir absolut sur cet aspect de liberté ou d'emprisonnement qui régnait sur bien des têtes. bourreau de bien des vies. et c'est donc sans surprise, aucune, que le procès vient à être reporté pour la énième fois. manques de preuves qu'ils disaient. mais peu savaient que les preuves, elles étaient pourtant bien là, non loin. à dormir au fond d'un tirroir. aël, prêt à faire languir une cour, des juges, des témoins, des victimes pour satisfaire son envie de pouvoir, de maître absolut.

alors le brouhaha s'installe dans la fugue des personnes présentes sur les bancs. chacun à sa préoccupation. les avocats en tête à tête avec leurs clients, les juges, procureur et autre magistrats qui s'éclipsent puis aël, qui plie bagage, le sourire de l'enfant fier et manipulateur qui prône sur son visage quasi-enfantin. les talons claquants alors sur le marbre de l'établissement, il rejoint non loin le starbuck où il avait désormais ses habitudes. simple caffé latte qui vient à bercer et attendrir ses moeurs sous les lignes d'une histoire lointaine. dossier dans une main, zieutant quelques détails sur une tout autre enquête, il profite de la chaleur de sa boisson dans l'autre. puis la voix qui dérange. la voix qui pousse ses poils à se dresser, casser sa solitude éternelle. la présence qui en est presque nauséabonde. simplement éveillé par un instinct bien aiguisé.

sans savoir pourquoi.
sans savoir comment.

il déposé alors le dossier, sans ne rien dire. refermant celui-ci sous les yeux d'un actuel inconnu. toujours sans ne rien dire. confidentialité oblige. puis aël, il scrute celui qui s'impose. celui qui trouble sa solitude. sa paix. difficile d'être ignorant sur une beauté certaine, mais peu appréciable de part son attitude soudaine. « Vous m'avez vue ? Vous avez donc des yeux, qui sont fait pour voir, n'importe qui, n'importe quoi. Incroyable n'est-ce pas ? » parole qui ne sont faites que de glace car aël n'est pas un être fait de charme. loin des belles paroles et des actes de douceur. très loin d'une sociabilité parfaite. il scrute alors à nouveau, portant sa boisson à ses lèvres avant de la déposer près de son dossier. « Que voulez-vous au juste ? On ne s'assoie pas à ma table sans raison et je doute fort que ce soit dû à un manque de place libre. » qu'il enchérit dans toute sa froideur. peu aimable avec ceux qui ne font que s'imposer sans autorisations. peu aimable face à cette entrée en matière qui laissait à désirer. peu aimable face à un inconnu qu'il ne connaissait guère car à ses yeux, tout le monde n'était que coupable de bien des vies. de quel crime, lui, était il donc coupable ? ( @jang si yeon )

Arrogance ou insolence de ce désir dont il n'avait pas réussi à éviter. Pressentiment évident de s’asseoir là, maintenant. Et non pas là-bas, plus loin. Pressentiment oui, de devoir s'asseoir en face de l'homme qui obtenait toujours toute son attention quand ils se croisaient au tribunal. Beauté envoûtante quand la voix aussi rauque que aiguë commençait à résonner. Sourire fin sur les lèvres qu'il ne pouvait empêcher. Pourtant c'était bien des reproches qu'il entendait – ou ce qui y ressemblait plus ou moins. Mais Si Yeon et son hésitation c'était aussi Si Yeon et le goût du risque. Celui qui lui en faisait perdre la tête, celui qui le faisait réfléchir, chercher pour obtenir réponse. Alors il aimait l'intonation de sa voix quand il répondait froidement à ses mots. Aimait se dire qu'il dérangeait mais qu'il ferait en sorte que sa présence devienne acceptée de l'homme.

Comme un défi qu'il se lançait lui-même,
Amusement soudain.

Alors silencieusement, il s'était assied. Silence qui résonnait à nouveau entre eux, la réponse de Si Yeon que l'homme attendait sûrement – ou pas. La disparition plus encore – certainement. Mais il avait joué la carte de l'audace, le brun. Et il ne reculait devant rien une fois qu'elle était tournée. Gorgée prise, l'attente longue. Liquide chaud qui coulait dans son œsophage quand les discutions masquait le silence pesant. « Non, c'est vrai. Ce n'est pas dû à un manque de place libre. » avait-il répondu. Iris posées sur le paysage qu'offrait la fenêtre prêt d'eux. Encore un silence, toujours. Digne d'un policier sans doute, Si Yeon aimait la façon qu'il avait de répliquer à ses moindres faits et gestes – bien que peu nombreux. « Je suis étudiant en dernière année de droit. J'espère pouvoir devenir procureur à la fin de mon année et je me demandais simplement si je pouvais vous poser des questions par rapport à l'enquête en cours sur l'affaire Kim. » S'il ne pouvait pas … Il n'y avait pas vraiment réfléchi, Si Yeon. Tout devait toujours aller dans son sens, fidèle allié des études et de la justice. Comment pouvait-il devenir procureur s'il ne pouvait pas avoir une discussion sensée avec un policier ? Étudiant, Si Yeon, certes mais étudiant sûr de lui.

Nom qu'il avait oublié de donner,
Réputation déjà faite dans le milieu sans même avoir commencée.


( @byun aël )

bercé par le calme contrastant avec une ambiance bien trop animé au tribunal du coin, aël avait trouvé refuge au beau milieu de ce café, espérant terminer ses dossiers en cours avant la fin de la journée pour ainsi s'offrir plus de temps pour son enquête plus personnelle. solitaire au possible, il est présent près de la baie vitrée, zieutant du coin de l'oeil quelques passants sans réel intérêt. l'esprit vagabond, il est soudainement retiré de sa rêverie peu commune par le manque d'attention d'un inconnu. événement qui vient frustré le jeune agent de police qui n'hésite pas à faire claquer ses dossiers sur le table, privant le nouveau venu de sourire et paroles délicates. difficile pour lui de se montrer aimable, car bien trop méfiant, bien trop fermé au monde pour se laisser dompter par le premier venu.

ainsi, les regards s'affrontent au même titre que les mots. aël s'y perd, mais pas tant que ça. il analyse l'inconnu. analyse sa gestuelle avant d'arquer un sourcil face à sa requête bien trop idiote à son gout. portant son propre gobelet à ses lèvres, il peine à trouver son latte à son gout. trop amer depuis l'arrivé de l'autre homme, puis il retrouve sa position initiale sur la table avant que le policier, lui, vient à croiser ses bras contre son torse. « Tu fais un piètre étudiant. » toujours orné de froideur presque tout droit venue des enfers pourtant, elles, bien brûlante, il penche quelque peu sa tête sur le coté, laissant son regard analyser, encore et toujours celui qui se présentait désormais comme étant étudiant. « Un véritable étudiant sait qu'il ne peut avoir aucune information sur un dossier et une enquête en cour. » les bras se décroisent et les mains se lient l'une à l'autre tout en trouvant repos sur la table face à lui. « Maintenant que j'ai pu répondre à ta question des plus idiotes, peux-tu, je te prie, disposer et rejoindre une autre table ? » parce qu'il n'est doté d'aucune pitié. parce qu'il n'a rien à dire à l'autre, ni même aucunement l'envie de parler, sur lui, sur les enquêtes.

parce qu'il est bercé par une envie de vengeance.
parce qu'avec lui à sa table, il ne peut rien faire.


( @jang si yeon )