((serendipity))

min un nom commun, bien commun, peut-être même trop. héritage sacré d'un homme qui lui aura tout appris, de comment tenir une cuillère à l'envie de se battre pour obtenir. ji hoon choisi par elle avant sa naissance, le prénom qu'elle aurait apparement toujours voulu donner si elle avait un jour la chance d'avoir un fils. peut-être qu'elle aurait aimé avoir la chance de le voir grandir.   une voix singulière poussée pour la première fois un après-midi du six juin, promesse de rêves inatteignables mais toujours nourris depuis vingt-trois années dans ses veines ne coule que du sang sud-coréen, fluide d'un pays qui a toujours été son unique berceau. en remontant quelques générations, il serait peut-être possible de desceller des traces de gênes japonais ou chinois, mais il faudrait remonter loin pour y parvenir. enfant de gwangju où il a toujours vécu, gamin des rues des quartiers populaires, la capitale fut son seul voyage, pour un aller simple depuis seulement quelques mois l'amour et le désir n'ont pas besoin d'être rangés dans des cases ; une pratique stupide qu'il préfère ignorer, vivant sa vie au fil de ses envies comme il l'entend, attiré par une personne et non un genre, mais trainant tout de même un coeur meurtri qui semble être bien plus occupé qu'il veut bien l'admettre. sur le papier, il mène pourtant une vie libre et quelque peu libertine aucun diplôme en poche, il a été contraint de quitter l'école plus tôt que ce qu'il aurait du et enchaine les petits boulots depuis qu'il a environ dix-sept ou dix-huit ans. à séoul, il a décroché un poste stable dans une supérette où il travaille principalement de nuit ; il risque également de bientôt finir baby-sitter professionnel, à force d'occuper ses après-midi à répondre à toutes les petites-annonces de garde d'enfants qu'il trouveenfant des quartiers populaires et habitué à compter chaque centime, mais pourtant infiniment généreux de lui-même ; dépositaire de juste ce qu'il faut pour s'en sortir, et grand économe aux ambitions plus grandes que lui, pour un jour ne plus avoir à compter un coup de tête vers la gauche pour remettre ses cheveux en place sur son front, une chantonnette poussée distraitement pour se détendre ou chasser le chagrin, des ongles rongés jusqu'au sang pour évacuer le stress et des petits bonds répétitifs accompagnés de cris pur extérioriser les instants d'euphorie des cheveux changés de couleur régulièrement mais toujours dans tes tons clairs, éternel insatisfait de son visuel et toujours en quête de changements ; les oreilles aussi trouées qu'un gruyère, et grand collectionneur de bijoux pour les décorer à sa guise tétanisé par le vertige debout sur une chaise et allergique aux manèges à sensations fortes ; les sangs rongés à l'idée de ne jamais atteindre son rêve qu'il nourrit depuis qu'il sait marcher ; le chant, la musique, pour laquelle il respire et à qui il a voué toute sa vie. il économise en secret pour entrer dans de grandes écoles, mais n'a pas le courage de passer la moindre audition