can you see the ‘fuck you’ in my smile? + rain

crépuscule brouillard.

ces journées de fin d’été qui s’étiolent en mille nuances grises. la lune qui pointe son nez à la barbe d’un soleil épuisé, et les ombres qui s’étirent sur la ville appesantie. sur l’asphalte encore brûlant des ferveurs astrales vrombit l’elantra d’arawn, lancée à toute vitesse dans les rues de banpo. gamin déraison, mâchoire serrée et poigne ferme sur le volant, envoie valser la porte§re avec une violence assumée lorsqu’il se range sur le parking aphroditique. ce soir, il n’a pas le cœur à plaisanter, et l’orage qui gronde jusque dans ses yeux en témoigne ; gare à quiconque se mettra en travers de sa route.

crépuscule tempête.

la porte du hall d’entrée s’ouvre à la volée, fracas qui réduit au silence les quelques résidents avachis entre fauteuils et canapés. parmi eux, le jeune homme ne tarde pas à distinguer la chevelure ébène de sa meilleure amie, quoiqu’il émet de fortes réserves quant à l’amitié qu’elle dit lui porter, tout compte fait…

« rain ! »

le cri éclate entre les murs et déjà les sourcils se froncent sur les visages inquisiteurs. arawn franchit à grandes enjambées la distance qui le sépare de la chanteuse. sans égard pour ceux qui l’entourent, il frappe la table de ses paumes, geste de colère encore contenue. « c’est quoi ce délire putain ? t’as pas fini tes conneries ? »

le regard dur, il toise la nipponne de toute sa hauteur. « je te jure, tu me règles cette histoire de bitna à la con en vitesse, parce que j’ai vraiment pas besoin d’un scandale supplémentaire. » le ton est dur, les reproches se pressent contre les lèvres pincées, mais il parvient à ne pas crier. pas encore.

Douces soirées qui s’étendaient. Une inspiration retrouvée, des paroles et des notes à la douceur de ces nouveaux sentiments qu’elle chérissait à sa façon. Depuis que Rain avait rencontré sa muse, elle était plus rayonnante que jamais et sans doute plus désinvolte encore que ce qu’on lui connaissait. Ses actes, ses paroles, ses gestes, tout était bon pour lui faire la morale mais cela signifiait qu’elle allait bien, son comportement excessif ayant toujours été un trait primordial de sa personnalité. Elle s’amuse, elle rit, elle ne demande rien d’autre que ces bons moments continuent même si elle sait très bien que rapidement, ses souffrances vont la rattraper, la piéger, la noyer toute entière. Un claquement de porte brutal. La pièce qui se tait, tous les regards rivés sur le nouvel arrivant ; Arawn. Rain lui lance des yeux perdus, voyant bien la colère chez son meilleur-ami sans en comprendre la raison. Son nom crié, une Rain qui rétorque immédiatement en se relevant, sur la défensive.

« Qu’est-ce que t’as ? Jeez. »

Elle se lasse déjà de la situation, tant elle était bien sur son petit nuage. La tension était palpable et Rain n’ose pas en croire ses oreilles lorsque Arawn ose lui sous-entendre d’abandonner ce qu’elle ressentait pour Bitna. Ses sourcils se froncent. Tous les regards sont tournés vers eux et elle peut entendre les murmures inquiétants qui s’amplifiaient dans son esprit jusqu’à la faire exploser. Elle tape le bras d’Arawn sans aucun ménagement, incapable de contenir sa colère.

« You fucking bastard, tu vas te le foutre tout seul ton scandale, regarde autour de toi putain ! »

À ces mots, Rain attrape le bras d’Arawn pour l’emmener dans le couloir où elle comptait bien lui passer le savon de sa vie. Elle l’affronte du regard, haineuse.

« J’ai pas passé cet accord avec toi pour que tu te comportes comme un connard possessif. Je fais ce que je veux, tu m’entends ? »

Elle vient se pincer l’arrête du nez, dépitée.

« Tu me fais pas confiance à ce point ? »

la voix éclate avec la rage, résonne sous le plafond trop haut, se répercute contre les murs, et effectivement, peut-être qu’arawn manque de discrétion. pourtant, il envoie balader les remontrances de la jeune fille d’un plissement de nez méprisant ; elle n’est pas en position de lui reprocher quoi que ce soit. son regard furieux s’attarde à peine sur la poignée de personnes avec qui discutait rain : quelques connaissances qu’il n’aura pas grand mal à tenir au silence.

il se laisse entraîner néanmoins à l’écart pour y dégager brusquement son bras de cette emprise qui l’agace au plus haut point. « tu fais ce que tu veux, admet-il, tant que ça ne met pas en danger notre accord. » poings serrés, il siffle ses mots d’un ton accusateur. « et qu’on vienne se foutre de ma gueule sous prétexte que je me fais cocu par ma meuf pour une meuf, ça faisait pas partie du deal. »

l’hilarité de l’abruti qui lui a rapporté les-dits propos le blesse autant qu’elle l’inquiète. et si cela s’ébruitait encore ? la tranquillité que ce couple mis en scène lui apporte aurait tôt fait de disparaître, et arawn ose à peine songer aux conséquences qui suivraient. orbes sombres ; le regard s’éteint lorsqu’il détaille le visage de son amie, les amandes d’ébène et la bouche pulpeuse. « faut croire que j’aurais pas dû te faire confiance. » lâche-t-il amèrement.

et d’un index impérieux, il ordonne. « maintenant tu te démerdes pour rattraper ta connerie avant que la rumeur fasse plus de bruit. tape-toi qui tu veux, j’en ai rien à branler, mais viens pas t’en vanter alors que tu sais pertinemment dans quelle merde ça me fout. »