((keep on doin'))

lassitude qui s'implante péniblement en lui, l'impression d'être prostré sur cette modique chaise depuis des heures alors que ce sont écoulées seulement une vingtaine de minutes à son regret. distrait, tête baissée, longues mèches tombant sur son visage, il joue avec le briquet entre ses doigts, fixant inattentif la flamme s'allumer, s'éteindre, s'allumer, s'éteindre; l'envie de fumer une clope le démange hardiment, que le temps passe plus vite. au fond de la salle, parmi les autres élèves tous concentrés sur le discours émis, leo n'écoute pas, comme à son habitude. il discerne brièvement, toujours les mêmes choses; ça parle de futur, de rêves, de carrière, tous ces mots qui ne sont que frivolité à ses yeux. à quoi bon bâtir un avenir quand tout peut s’effondrer du jour au lendemain, à quoi bon rêver quand son existence est déjà ratée. leo n'a aucune ambition réelle, aucune envie d'espérer pour ne tomber que sur désillusion et déception, juste vivre son unique vie comme il le sent, comme elle se présente à lui, avec ses bons et mauvais côtés, pas de désir de tout programmer contrairement à celle hantant son palpitant. ironie dans un sens, qu'ils soient si opposés, que leo ne soit pas compris dans son avenir calculé au moindre détail que lui méprise totalement et auquel jieun accorde tant d'importance qu'elle s'en rend malade. mais c'est pourtant leurs différences qui les attirent, le fait qu'ils soient dans la plus absolue hétérogénéité. ils s'opposent mais se complètent étrangement, à un point qu'ils en sont devenus dépendants de l'un et l'autre. mais rien est involontaire, les choses n'auraient jamais dû se faire entre eux, jamais. sauf que leo a été incapable de la laisser fuir à partir du moment où il a posé ses prunelles sur sa personne, et c'est avec une persistance assez particulière que jieun a fini par répondre à ses avances plus qu'intenses. cette relation impossible pour tous, insensée, impensable, mais qui est bel et bien réelle. en pensant à elle, il perçoit du coin de l’œil du mouvement de son côté. leo se redresse, range son briquet dans sa poche, et surveille discrètement. il s'aperçoit que l'être qu'il maudit le plus en cet endroit se lève de son siège et quitte silencieusement la salle pour ce qui lui semble prendre un appel. monsieur parfait s'en allant d'un tel rassemblement? sa chère mère a sûrement dû le contacter pour lui demander à quel restaurant français ils allaient dîner ce soir; un rire mauvais s'échappe d'entre ses lèvres. puis il reporte vigilance sur sa nymphe, à lui, et pas à l'autre vaseux outrecuidant qu'elle trompe impudemment en secret avec leo. elle est belle jieun, absorbée par les paroles prononcées par la directrice, ses traits célestes n'appartiennent au décor, sa longues et soyeuse chevelure tombant sur le dossier, mais elle est surtout et désormais seule. peut-être que la fin de ce meeting n'allait pas être aussi fastidieux que prévu. furtivement et sans faire un bruit, leo se lève à son tour de son siège, et dos courbé pour ne pas attirer l'attention, il rejoint jieun avec taciturnité sur la chaise à côté d'elle ayant été désertée. elle ne l'a pas remarqué, pensant probablement qu'uniquement son copain est de retour. et regard sournois, expression quasi cruelle ancrée sur son faciès, leo glisse de manière insidieuse sa main sur la cuisse de son amante, remontant avec lenteur sous la jupe de son uniforme, et se baisse vers elle pour chuchoter dangereusement à son oreille. « je t'ai manqué ? » provocation à son comble, si quelqu'un les voit ou que son copain retourne maintenant dans les lieux, c'en est fini d'elle. il n'a rien à perdre alors que pour jieun c'est tout le contraire. et il jubile leo, comme le pauvre connard qu'il est. ça serait mentir que de dire que ce n'est pas une légère vengeance pour toutes les fois où ils devaient se voir mais annulation et foutues excuses de la part de sa belle au dernier moment pour son autre gars, l'officiel. 

Soupire d’ennui qui se faufile entre ses lèvres. une attitude qui laisse pourtant croire le contraire. Les yeux qui papillonnent rendus adorables par un sourire docile. Son déguisement est parfait. On jurerait que ji eun est plongée dans le discours. Les mots glissent sur elle. ses pensées ne laissent pas la place au reste. ji eun réfléchit avec ardeur au sien de futur. A cet avenir déjà tout tracé pour elle. celui qu’elle imagine depuis longtemps avec ses parents – celui qu’on a dessiné pour elle. l’assemblage est parfait. Son avenir est radieux. Pourtant il y a une ombre au tableau. Son ombre. Celui qu’elle garde tapi dans la pénombre. leo. Sa boite de pandore. Leo qu’elle embrasse dans le noir. il vient mettre une sacré pagaille dans ses plans avec sa belle gueule. Embrouille ses certitudes du bout de ses lèvres. le péché originel. Son leo.

Elle sourit bien comme il faut lorsque son petit-ami s’absente pour téléphoner. Instinctivement ji eun  reprend sa pause d’élève model. Son cou commence à lui faire mal. elle grimace en essayant de bouger sa nuque le plus discrètement possible. et ses fesses ne sont pas mieux. Elle se dandine sur la chaise en plastique tout en essayant de maintenir son illusion. Impossible que moon ji eun se mette à se tortiller en pleine assemblée générale. Si concentrée sur le contrôle de son corps qu’elle ne se retourne pas pour accueillir le retour de son copain par le sourire qui va bien. elle reste fixée sur l’intervenant. Soudain elle se sent une main se glisser sous sa jupe. Ji Eun tressaillit au premier contact. Elle grimace. La jeune fille n’a aucune envie de jouer à ça avec lui. ça ne l’excite ni ne l’amuse. Elle s’apprête à sortir gênée de convenance mais la voix qui vient tinter à son oreille lui donne des frissons. Instantanément sa main vient bloquer la sienne. Leo. Une chaleur agaçante se répand dans son corps. Mais trop vite ji eun grimace contrariée. C’est bien la dernière chose dont elle avait besoin. Qu’il se glisse à ses côtés au vu et au su de tous. Il ne réfléchissait donc jamais ? et pourtant tout au fond ji eun le ressentait. Le délicieux frisson du danger. Le désir d’abuser plus encore de la sensation. Le risque d’être découvert.

Elle frémit encore. Souffle doucement et range tout ça au placard. Les papillons dans le ventre. le cœur qui batifole. Les oreilles colorées. « ne sois pas idiot hwang leo. » sa provocation puérile l’agace prodigieusement. Elle voudrait lui dire de déguerpir. Le chasser sans hésitation. Mais elle devait se faire discrète. Préserver son image d’enfant tranquille. Impossible de faire de vagues quand bien même elle ne rêvait que de ça. Personne ne pourrait comprendre ce qui aurait provoquer la colère de moon ji eun envers hwang leo. Que les yeux soient pointés sur eux. Que la surveillance les empêche de se voir. désir égoïste de le garder pour elle mais qu’il l’attende sagement. Bien au chaud dans sa poche d’uniforme. « ne reste pas là. » elle l’incite à partir d’un discret signe de tête. elle ne le laissera la compromettre. Elle avait tellement plus à accomplir.